Cela faisait à présent une petite éternité, au sens propre du terme. Cela faisait plus d'un siècle et même plus. Cela faisait tant d'année, tant d'année à chercher encore et encore. L'idée de la retrouver, d'être de nouveau avec, l'idée de e plus être seul. Trois idée qui le poussait à chercher encore malgré les cuisants échecs des précédentes fois. Cela faisait des générations qu'il espérait la revoir, cela faisait tout autant de génération qu'il ne trouvait rien d'autre que le vide et l'échec. On pouvait bien lui dire d'arrêter, de se faire à l'idée de ne pas la retrouver puisque cela était impossible. On pouvait bien lui remonter le moral comme de bons mais piètres amis en lui incitant à continuer, disant qu'un jour ou l'autre il la retrouvait bien. Quoiqu'on disait, quoiqu'on faisait, il n'abandonnerait pas. Peu importe le temps, peu importe les échecs, il continuerait. Aujourd'hui en était un nouvel exemple.

La journée commençant à peine, le shinigami s'était levé et s'était dirigé vers le Rukongai. L'endroit où devaient se tenir toutes les âmes mortes sur Terre. Si elle n'était pas devenu shinigami, elle ne pouvait être qu'ici, dans un district du Rukongai, dans un endroit éloigné de tout ou si banal qu'on y passerait sans le remarquer ou en pensant l'avoir déjà fouillé. Il y avait peut-être d'autres possibilités, bien moins réjouissantes que Yazu avait écarté inconsciemment, pensant cela impossible ou n'aimant pas cette possibilité. Aussi continuait-il de chercher dans les zones du Rukongai, menant une fouille digne des plus grands archéologues. S'il avait entamé depuis quelques jours une fouille dans le district Sud, il en était venu à chercher dans le district Est. Il avait beau laissé des messages aux habitants, leur demandant de transmettre un message si jamais ils croisaient une certaine Stella, hélas, rien ne lui était jamais parvenu jusqu'à maintenant. Il avait donc continué ses recherches, seul dans tout cette grandeur.

Depuis toutes ces années où il cherchait, il s'était habitué à voyager, marcher pendant des heures, entendre le bruit de la nature ou des habitants vivant leur quotidien. Par la force de l'habitude, il connaissait le Rukongai par cœur. Les chemins les plus courts ou au contraire les plus longs, les rues les plus fréquentées ou au contraire les plus vides. Il savait où trouver des personnes qui pourraient lui donner des informations et où trouver les plus brutaux habitants. Il connaissait le Rukongai, peut-être même plus que le Seireitei. Aujourd'hui, il suivait un petit chemin, calme et tranquille, peu de monde l'utilisait, surtout de si bonne heure. Arpentant la route, il s'arrêta finalement sur le sommet d'une petite colline. Elle surplombait une plaine suffisamment vaste pour s'éloigner dans le lointain et laisser pour seul vision une herbe se pliant sous le vent régulier. Au delà de cette plaine se trouvait un petit village où devait résider une centaine d'âmes. C'était la destination du shinigami qui tarda à se mettre en route.

Cherchant un objet qu'il portait toujours sur lui, il le prit en main et l'observa un instant. Pensif, son regard devint vide, laissant ses pensées prendre le dessus. Des pensées faisant remonter des souvenirs à la surface. Des souvenirs d'elle, d'eux, de leur amour, de ces quelques instants de bonheur qu'ils avaient vécu. Reprenant ses esprits, Yazu laissa quelques mots sortir avant de lever son regard vers le ciel, tentant de voir les étoiles invisibles à cette heure. Rangeant cet objet, il regarda le chemin qui se dressait devant lui et reprit la route, gardant l'espoir qui l'animait depuis tant d'année déjà.

Continuant sa marche, le shinigami s'aperçut bien vite qu'il n'était plus seul sur le sentier. Il était étonnant de voir quelque ici, d'autant plus de l'horaire qui était plutôt matinal. Était-ce quelqu'un qui tout comme lui cherchait quelque chose ? Pensant que chercher le plus longtemps possible l'aiderait à trouver. C'était bien probable, après tout, cette idée n'était pas révolutionnaire et même le plus jeune des êtres humains pouvaient comprendre ce principe, enfin, le plus jeune être humain capable de réflexion. Avoir plus de temps pour chercher était synonyme de plus de chance de trouver ce que l'on cherchait. Qui ne pourrait pas le comprendre ? Une question rhétorique aux yeux du shinigami de la cinquième division mais qui pouvait trouver réponse selon la personne qui répondait, après tout, peut-être y avait-il des personnes incapables de comprendre ce principe, Yazu avait vécu tellement longtemps qu'il savait qu'il existait en ce monde bien des cas et bien des phénomènes, parfois inexplicables, parfois illogiques. Quoiqu'il en était, pour le moment, cela importait peu.

En son for intérieur, le troisième siège de la troisième division n'était pas vraiment envieux de croiser un autre shinigami. Non pas qu'il les détestait, les méprisait ou était l'un de ces types asociaux. Il était juste dans cette passe où l'idée de croiser quelqu'un n'était pas le plus enthousiasmant moment. Non, à l'heure actuelle, alors qu'il cherchait à rejoindre un quartier bien précis du Rukongai, il aurait préféré éviter de croiser l'un de ses collègues, surtout si celui était d'une autre division ce qui était assurément le cas. Après tout, même si Yazu n'était que le troisième siège de sa division, il avait apprit à connaitre le reste des membres de celle-ci, pensant que des connaissances envers les autres ne seraient jamais inutiles et qu'au contraire, cela pourrait les rendre bénéfiques. Dans le cas présent, même s'il n'apercevait son collègue que de loin, il ne reconnaissait pas cette silhouette, cette attitude et ces quelques brins de physique qu'il pouvait voir. Non, il s'agissait très certainement d'un shinigami, inférieur au poste de vice-capitaine puisqu'il n'avait de surplus vestimentaire ou de brassard, d'une autre division. Au moins, cela lui éviterait d'avoir à parler avec un supérieur, une chose qu'il n'aimait pas particulièrement lorsqu'il était hors du Seireitei aussi tôt.

Alors que les deux shinigamis se rapprochaient de plus en plus, Yazu put commencer à détailler son collègue. Semblable au reste des shinigamis de part sa tenue, il n'y avait qu'un point où il se démarquait réellement : la nuance de couleur entre sa couleur de peau et celle de ses cheveux. Un rendu qui était surprenant mais qui ne rendait pas si mal, bien qu'il fallait pour dire cela avoir un certain recul face aux préjugés et aux clichés. Portant également des lunettes couvrant ses yeux, le shinigami de la cinquième division ne put savoir s'il était regardé ou non. L'un des principaux inconvénients dans le port des lunettes était le fait qu'on ne pouvait savoir si on nous regardait ou non, une chose qui pour certains n'était pas dérangeant puisqu'ils se moquaient éperdument des regards des autres. Yazu, bien que rejoignant ces gens dans un certain sens, préférait le savoir, même s'il n'en ferait pas une maladie. Le détaillant un peu plus, tout en gardant une certaine retenue et furtivité, il s'arrêta lorsqu'il l'entendit prendre la parole. Une brève salutation, possiblement fausse sur le plan de la politesse et une question plutôt directe qu'on ne poserait qu'après un certain temps de conversation de parole normalement, à moins d'avoir une attitude des plus décontractées et un sens de la discussion assez particulier. L'observant un instant, Yazu répondit d'une voix qui lui était propre, calme et simple, un ton convenable qu'importe la personne qui était en face de lui :

Oui, c'est une belle journée. Comme toujours.

Souriant, le shinigami s'arrêta de marcher, simplement par sens de politesse et d'habitude. N'était-ce pas ce que l'on devait faire lorsqu'une conversation s'entamait ? D'une nature peut-être trop muette, ou trop peu bavarde, le shinigami de la cinquième ne rajouta rien dans un premier temps, ne relançant pas cette conversation qui lui semblait fade et plate. Ce ne fut qu'après avoir observer sa prochaine destination dans le lointain qu'il rajouta finalement d'une voix tout aussi égale que précédemment :

Vous reveniez du Rukongai ou bien étiez-vous en pleine balade ?

Une bien étrange question, c'était une évidence, néanmoins, Yazu avait l'impression que cette question était nécessaire. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il sentait que l'origine de ce shinigami était à connaitre, dans le cas où cette information serait utile dans un avenir probable. Une question digne du troisième siège de la cinquième division à vrai dire.