Le noble sembla se tendre au premier abord à son contact, comme peu habitué à ce genre d’élan affectif. Elle ne lui en tint pas rigueur, après tout c’était un Kuchiki, pas un bisounours. Au final, elle sentit sous sa main les muscles contractés de son épaule se relâcher un à un et son corps sembla se détendre, comme appréciant au final cette source de chaleur et d’apaisement. Elle n’irait pas jusqu’à dire qu’il se laissait aller à cette très légère étreinte mais au moins, il ne l’avait pas repoussé et ça pour le jeune noble, c’était un exploit. Il leur faudrait du temps à tous les deux pour s’apprivoiser mutuellement, cependant les choses étaient en bonne voie... A question de ne pas trop faire d’erreur. Le jeune garçon avait l’air un tantinet impulsif. Le coin de la lèvre du jeune étudiant eut un léger sursaut, comme un rictus et il croisa les bras en déclarant fièrement :

Byakuya : « Je ne crois pas être si viable que cela vu que celle qui devait me faire tête a pris ses jambes à son cou. »

Aïe. Etait-ce de la rancœur ou une profonde tristesse qu’elle pouvait sentir dans sa voix ? Quiconque se serait arrêté aux apparences aurait probablement vu un adolescent arrogant et un peu prétentieux de se croire si supérieur. Pourtant, il y avait quelque chose dans son maintien, dans la très légère inclinaison de sa tête, quelque chose qui brillait au fond de ses yeux et qui ressemblait étrangement à une blessure ouverte qui aurait du mal à cicatriser. Elle l’observa attentivement du coin de l’œil et profita de l’énergie qui l’enveloppait encore pour lui transmettre une vague d’apaisement et d’affection, comme un baume cicatrisant. Cependant, ils n’étaient pas assez proches et la vizarde le savait pour que cela soit suffisant. Yoake classa le dossier « Yoruichi Shihoin » dans les sujets sensibles à éviter. Il faudrait du temps au noble pour se remettre et c’était visible même si elle ne connaissait pas tous les détails de cette histoire... Elle se promit d’en parler à Ginrei et de faire sa petite enquête là-dessus. Son hollow interne poussa un long soupire et en réponse, elle fit un sourire mental. Oui, on lui avait demandé de le protéger physiquement mais... ce petit ressemblait beaucoup trop à Shojun pour son propre bien et elle ne pouvait décidément pas le laisser dans cet état. Non, elle ne pouvait pas, c’était beaucoup plus fort qu’elle, il fallait qu’elle soigne et aide ce petit bout d’homme. C’était un cas désespéré.

Mais une chose à la fois, et pour l’instant le nobliau ne lui faisait pas encore confiance et, pour être honnête, elle le comprenait parfaitement. Et ceci serait la première étape. Doucement, le noble quitta la légère étreinte de l’assassin et elle ne put retenir un sourire amusé qu’avec beaucoup d’effort. Il semblait plus ferme, plus sûr de lui, prêt à faire face à ses sentiments... mais il pourrait bien dire ce qu’il voulait, si elle ne l’avait pas – même très légèrement – réconforté, il n’aurait pas pu faire le fier ainsi. Elle caressa un instant l’espoir qu’il comprendrait peut-être un jour qu’il pouvait s’appuyer sur elle, qu’il n’avait pas à faire le brave en sa présence. Mais pour cela et elle le pressentait, il allait lui falloir beaucoup, beaucoup de patience. Elle pencha la tête sur le côté en l’observant se détourner d’elle pour se concentrer sur la compétition après avoir lâché un bref :

Byakuya : « Je vois. »

A son tour, elle reporta son attention sur le tournoi qui se déroulait un peu plus bas sans se préoccuper des deux spectateurs invisibles à leurs yeux. L’adolescent se rassit sagement et Yoake sut qu’il n’avait plus réellement l’intention de s’enfuir... Bon, partir en shunpo sans prévenir peut-être oui, mais la semer, elle en était beaucoup moins sûre. Après tout, c’était un Kuchiki... Il ne referait pas la même erreur, sauf s’il y était obligé. Alors, voulant lui montrer un peu la confiance qu’elle décidait de mettre en lui, elle ôta le katana de sa ceinture et vint s’asseoir près de lui... respectant un équilibre fragile entre ne pas imposer sa présence et rester en retrait. Ainsi, elle mettrait plus de temps à réagir s’il décidait de partir sans prévenir... Heureusement que les armes secrètes qu’elle avait caché un peu partout lui permettraient de réagir très vite en cas d’attaque. Elle savait qu’en parlant de son père, elle avait attiré son attention – sinon, pourquoi aurait-il posé la question ? – et il y avait des chances pour qu’il enchaîne la conversation sur lui... A cette distance au moins elle pourrait tenir une conversation sans lui donner l’impression d’être épié.

Laissant son attention se détourner sur le concours, elle suivit avec intérêt le cavalier s’élancer vers sa cible... mais peut-être avec un peu moins d’enthousiasme que le jeune noble. C’était l’avantage de la jeunesse, pouvoir s’extasier devant n’importe quoi, puisque tout était nouveau. Elle garda le silence et observa du coin de l’œil en masquant son amusement Byakuya, qui avait l’air de trouver ce spectacle très... motivant ? Elle pouvait presque voir ses muscles se tendre de concert avec le cavalier, et aperçut son sourire presque victorieux quand la flèche se planta avec succès au centre de la cible. Cependant, elle reprit bien vite son sérieux quand il se tourna vers elle avec l’air de vouloir lui demander quelque chose.

Byakuya : « Vous l’aviez déjà emmené en ce genre d’endroit ? »

Inutile de se demander de qui il pouvait parler, la réponse était évidente. Le jeune homme planta son visage dans sa main et s’y appuya dans une attitude légèrement nonchalante qui lui allait bien. Elle ne put s’empêcher de voir Shojun en ces traits ainsi, ses longs cheveux sombres éparses sur ses épaules... Il la surveillait du coin de l’œil... Cela par contre, cela venait directement de son grand-père, Shojun préférait regarder les gens en face. Elle posa ses mains légèrement en retrait par rapport à son corps et s’appuya sur ses bras à l’arrière. Que lui répondre ? La vérité bien sûr. Mais à quoi s’attendait-il ? Y avait-il une bonne et une mauvaise réponse ? Serait-il déçu ou agacé de la réponse qu’elle pourrait lui donner ? Elle décida de ne pas se poser trop de question, elle lui dirait la vérité et ce serait à lui de décider si elle lui plaisait ou non... Elle ne pouvait pas changer les faits.

Yoake : « Oui, régulièrement... J’avais pour habitude de le sortir du manoir assez souvent pour lui changer les idées. Il aimait beaucoup ce genre de tournois... ainsi que les défilés. Mais son festival préféré était sans équivoque le Soma-Nomaoi, fin juillet. C’est une grande course de cavaliers samouraïs... Demandez-lui, il vous y emmènera peut-être l’année prochaine. Je suis sûre qu’il serait ravi de partager cela avec vous. »

Elle lui fit un petit clin d’œil amusé accompagné d’un sourire confiant. S’il voulait vraiment y assister, elle pouvait également lui servir d’escorte mais elle se doutait que le jeune adolescent désirait plus que tout y aller avec son père... C’était normal, et elle irait secrètement botter les fesses de Shojun pour qu’il le fasse. Et puis, ça lui ferait du bien à lui aussi de s’écarter un peu du manoir pour prendre un peu de couleur... D’un mouvement de la tête, elle chassa ses cheveux derrière ses épaules et ses sens inspectèrent automatiquement les alentours par réflexe... et au loin, elle détecta l’énergie d’un hollow assez faible. Intriguée, elle chercha celle d’un shinigami aux alentours mais elle ne trouva aucune autre trace spirituelle autre que la leur... Elle sentit son hollow sourire intérieurement. Peut-être que cela plairait au jeune noble d’approcher un hollow d’un peu plus près que dans un livre de l’Académie... et puis, même si le hollow était loin, il ne se débrouillait pas si mal que ça en shunpo. Au pire, elle était là pour prévenir toute blessure et n’aurait aucun mal à se charger de lui. Se redressant, elle s’étira discrètement et prit la parole.

Yoake : « Il y a un hollow un peu plus loin... A ce que je peux en juger, il n’est pas très puissant et personne ne garde actuellement cette zone. Cela vous dirait-il d’aller voir ce qu’il en est ? Et pourquoi pas s’occuper de son cas, qu’il ne blesse aucune âme du festival... ? »

Yoake n’était pas assez naïve pour croire aux miracles et elle n’avait pas l’intention de laisser le jeune noble derrière. D’ailleurs, si elle lui avait fait la proposition d’y aller, ce n’était certainement pas pour partir sans lui. Oui, seulement, elle n’avait pas spécialement prévu de foncer tête baissée comme ça en avant cocotte t’inquiètes Martine, je gère. Elle n’était pas contre un peu – beaucoup – de bourrinisme dans les grosses batailles allez on y va et on réfléchit après mais quand même. Il y avait des limites à l’impulsivité. Surtout quand on était un petit garçon borné et capricieux dont le dernier adversaire en date était la vile fourmi qui avait osé poser ses sales papattes sur son album d’Henri Dès dédicacé alors qu’il était en pyjamou Spiderman. Dans ces cas-là, la méthode bourrin était synonyme de méthode suicide. Poussant un nouveau long soupire – et elle n’était pas au bout de ses peines, elle le pressentait – elle partit à la poursuite du noble d’un shunpo pas franchement motivé. La fête se résuma bientôt à un brouhaha lointain et diffus alors qu’ils s’éloignaient et le Playmobil qui lui servait de protéger s’arrêta, comme ça, pouf, sans raison apparente en plein milieu d’un toit à découvert avec une pancarte clignotante de Las Vegas « Venez me manger ! » planté à côté de lui. Ben voyons. Il ne voulait pas un vuvuzela non plus.

N’intervenant pour rien au monde – elle aurait le plaisir de lui passer un savon plus tard – elle l’observa reprendre sa route quand même rapidement – il n’était finalement pas un cas si désespéré que cela – et le suivit tranquillement en se guidant aux hurlements de détresse de la jeune âme poursuivie par le vilain doudou. N’écoutant que sa stupidité... pardon, son courage, Byakuya fonça droit sur le hollow. Il ferait un brillant membre de la onzième Division à ne pas en douter. Yoake prit le temps d’observer l’adversaire. Un hollow, assez imposant – mais nous savons tous que ce n’était pas la taille qui comptait – se tenait à quatre pattes, prêt à dévorer la pauvre âme sans défense. Le corps du hollow n’était pas très gros, mais ses longs membres lui permettaient d’atteindre sa cible sans mettre son buste en danger. Buste étant lui-même assez fin ce qui sous-entendait donc une plus grande agilité et une vitesse accrue au détriment de la puissance et un peu de la résistance. Quelques secondes lui suffirent à faire cette analyse, alors que Byakuya prononçait clairement son sort de Kido :

Byakuya : « Hado no yon Byakurai ! »

Ah oui, là c’était sûr, il allait faire de graves dégâts avec son éclair miniature. Un long soupire perça les lèvres de Yoake une fois encore, se disant que si elle avait cru pouvoir se la couler douce en protégeant le Playmobil, cet espoir semblait irrémédiablement perdu. Ce noble avait autant dans la cervelle qu’un petit pois anorexique souffrant de trisomie. Ou peut-être était-il simplement très impulsif mais non, là elle lui en voulait de lui gâcher sa retraite, alors il serait relégué au rang de petit pois en caoutchouc. Elle attendit sagement quelques secondes le temps que le noble ait le temps de se rendre compte que l’impulsivité, c’était mal ! Mais réagit avant qu’il ne soit blessé. Attrapant l’air blasé le membre du hollow menaçant son Jeune Prince, elle l’envoya bouler plus loin en ayant diablement la classe. Elle ne fit aucun mouvement superflu, ne chercha pas à faire de l’esbroufe, ne gaspilla aucune énergie inutilement mais quand même, il fallait bien montrer à ce Pimousse qui avait le pouvoir ici et que la demoiselle, c’était pas n’importe qui. Non.

Yoake : « Je crois que je dois vous adresser mes plus sincères félicitations mon Jeune Prince. Vous venez de mourir, l’âme que vous étiez censé protéger aussi, votre ennemi est en vie et a eu double ration de nourriture aujourd’hui et, quelle délicate attention, il pourra même siroter une bière grâce au décapsuleur que vous lui avez si gentiment fait sur son masque. Une grande réussite à ne pas en douter. Voici pour les conséquences directes. »

Elle marqua une légère pause pour que ses paroles se gravent bien dans la tête du petit garçon. Il était primordiale qu’il comprenne où menait toute son impulsivité. Cela dépassait largement les petites punitions que l’on pouvait lui dispenser à l’Académie ou au Manoir, non, là, plus que sa vie, c’était celles des autres qu’il mettait en jeu. C’était ce à quoi il ne tarderait pas à être confronté et qu’il devrait affronter au quotidien. Il était plus que temps qu’il grandisse un peu, et si elle se fichait bien de ce qu’il pourrait faire d’impulsif dans sa vie civile, sur le champ de bataille cela était une autre histoire. Vérifiant que le hollow était toujours en train d’essayer de se dépêtrer des décombres qui le recouvraient, elle reprit.

Yoake : « Quant aux conséquences indirectes, je devrais peut-être parler des âmes qui vous auriez pu sauver en devenant plus puissant, qui sont peut-être perdu maintenant ? Ou de la tristesse et de la déception de votre Grand-Père et de votre Père ? Vous n’êtes peut-être pas irremplaçable aux yeux du clan mais vous l’êtes à leurs yeux à eux. Vous ne venez pas de mourir en héros, vous venez de mourir en imbécile comme un digne membre de la onzième Division. »

Son ton était peut-être mordant, ses mots durs et ironiques mais il n’y avait rien de moqueur contrairement à ce qu’aurait pu dire Yoruichi. Le but de Yoake n’était pas d’humilier le noble mais de lui faire entrer dans le crâne que ce qu’il avait fait était d’une stupidité sans nom, et que cela pouvait se révélait mortel pour de nombreux individus au combat. Il n’était pas à l’Académie ici. Et si Tsukiyo prenait un malin plaisir à observer la scène en mangeant des popcorn, Yoake était sérieuse et ne s’amusait pas à lui passer un savon contrairement aux apparences. Le hollow venait à présent de s’extirper de l’amas de roche et de décombre et achevait de libérer ses membres antérieurs, avant de se lancer droit sur eux.

Yoake : « Je vous ai peut-être surestimé en vous proposant ceci. Vous aviez raison tout à l’heure, vous devriez aller réviser vos leçons avant d’envisager de lever une arme ! Je commence à comprendre pourquoi votre Grand-Père a voulu vous adjoindre un garde du corps. Vous êtes un danger non seulement pour vous mais également pour les autres. C’est un combat réel, avec de vrais enjeux, pas un entraînement dans une cours de récréation. Ici, la moindre erreur et c’est la mort voire bien pire. Alors calmez-vous, réfléchissez deux minutes et arrêtez vos bêtises dignes d’un gamin de six ans ! »

Elle attendit sagement que le Playmobil se calme et se chargea d’envoyer de nouveau le hollow sur les roses un peu plus loin le temps de faire son cours d’un nouveau geste presque machinal et distrait. Une fois qu’elle jugea que le noble avait terminé de faire sa tête de petit garçon buté, elle reprit la parole.

Yoake : « Bien, résumons la situation. Vous êtes seul en présence d’une âme que vous devez protéger et d’un ennemi qui est vraisemblablement plus fort que vous. Que devez-vous faire ? »

L’assassin observa le jeune noble au fur et à mesure de sa tirade. La première impression qu’elle eut fut qu’il ne rêvait que d’une chose, lui sauter à la gorge et enfoncer toutes ses petites quenottes dans sa chair pour lui faire regretter ses paroles... Oui mais bon, elle n’avait pas vraiment le choix de lui dire tout ça et quand même, il savait qu’elle avait parfaitement raison, et ce devait être pour cela qu’il ne lui avait pas hurlé dessus. Finalement, peut-être pourrait-elle lui faire entendre raison à cette tête de mule... Mais bon, ne crions pas victoire trop vite. Le jeune imbécile eut l’air de se calmer et d’accepter difficilement toutes ces critiques qui devaient blesser cruellement sa fierté de noble et d’adolescent. Peu importait, Yoake s’en fichait pas mal. La prise sur la garde de son sabre sembla se faire plus assurée et moins nerveuse, signe que les mots avaient atteint leur cible. Tant mieux. A ses derniers mots, il ferma les yeux comme pour visualiser la scène et répondit d’une voix ferme et sûr de lui.

Byakuya : « Je dois m’assurer que le hollow ait toute mon attention afin qu’il n’importune plus l’âme en question. Par la suite si je ne puis le vaincre par la force il me faudra faire appel à la ruse. Le kido serait un excellent moyen pour amener la créature en un piège. »

Yoake leva les yeux au ciel et secoua la tête. Bon il n’avait pas totalement tort mais tout de même, il avait beaucoup trop confiance en lui. Et cela pourrait être dangereux pour lui et également pour les autres... Finirait-il par apprendre ? Elle l’espérait de tout cœur, sinon elle plaignait ses hommes et tous ceux qui seraient sous ses ordres. Mais heureusement, il y avait encore de la marge avant d’en arriver là et Byakuya ne serait pas amené à diriger avant de très nombreuses années – elle allait prier chaque jour pour cela du moins. Et puis le noble comme ça, comme un winner s’avança de quelques pas du hollow, genre je dépasse Yoake c’est bon t’as fini ta leçon j’ai compris, t’inquiète Martine je gère, en voiture Simone et on y va. Mais ce n’était pas possible, il n’avait décidément rien compris, mais alors, rien à rien. Certainement qu’elle n’avait pas assez enfoncé le clou. Oui, ça devait être ça, il devait être encore plus fier qu’elle ne le pensait, il allait falloir le casser en tout petits morceaux avant qu’il ne comprenne quelque chose. Foutue tête de mule.

Byakuya : « Écartez-vous... »

Ben voyons, et puis quoi encore ? Prends des pop-corn et regarde-moi faire le remake de Massacre à la Tronçonneuse, avec moi dans le rôle de la victime. Franchement, il ne manquait pas de toupet celui-là... Soudainement, Yoake se sentit très, très vieille. Ses cheveux allaient devenir tout blancs d’ici les trois prochains jours, elle les sentait déjà pousser. Et ce Playmobil là allait prendre un malin plaisir pour l’achever. Kami-sama, elle n’avait plus quatre cents ans, courir après les petits garçons n’étaient plus de son âge... Ginrei n’avait pas eu l’air de s’en souvenir mais elle était plus âgée que lui-même si cela semblait être le contraire, elle devrait être à la retraite en train de se la couler douce sur une île paradisiaque... et à la place non, elle devait se charger de l’éducation d’un sale gamin qui n’en faisait qu’à sa tête, dans un trou paumé au Japon avec un hollow de bas étage qui devait avoir un goût horrible, elle pouvait le sentir rien qu’à l’énergie qu’il dégageait. La vie était cruelle et injuste. Machinalement, Yoake accrocha un fils très résistant et assez épais à l’anneau de l’une de ses longues dagues et continua d’incendier le noble, puisqu’apparemment ce n’était pas suffisant.

Yoake : « Je vous demande pardon ? M’écarter ? Je crois que vous faites erreur sur la personne mon Jeune Prince. Non seulement vous n’avez aucune autorité sur moi, et même si vous en aviez, sachez que jamais je n’accepterai d’obéir à un sale gamin borné, têtu et imbécile tel que vous. Et je vous garantis que cela sera valable pour tous les hommes qui passeront éventuellement sous votre commandement. Si vous êtes incapable de réfléchir plus de trois secondes, croyez-vous franchement qu’un homme sain d’esprit acceptera de vous suivre et de mettre sa vie entre vos mains ? A part les membres de la onzième Division, très sincèrement je ne vois pas. »

Et toc, prends-toi ça de nouveau dans la face. D’un geste sûr, précis et expert, Yoake lança avec force la dague qui alla se planter jusqu’à transpercer l’épaule du hollow et se planter dans un bloc de pierre. Ainsi, elle n’aurait pas à le surveiller et elle n’aurait qu’à tirer sur la corde pour libérer la grosse bête. Snobant totalement le hurlement de douleur du monstre masqué, elle continua sa leçon avec une certaine sévérité.

Yoake : « Vous êtes beaucoup trop sûr de vous ! Vous n’avez pas le niveau physique – ni apparemment le niveau intellectuel – pour battre cet ennemi. Le Kido ? Une excellent moyen ? Ah ! Rien n’est excellent dans votre situation, d’autant plus que votre Byakurai n’a pu que lui faire une encoche ! Vous parlez de ruse et pourtant vous étiez prêt à l’affronter de front comme un parfait suicidaire de nouveau, sans le moindre plan en tête. Vous voulez faire le brave et prouver que vous méritez de porter le nom de Kuchiki ? Alors pensez avec votre tête, pas avec vos muscles ou je ne sais quoi ! »

Non mais oh. Il ne fallait pas embêter la demoiselle vizarde, surtout quand elle venait de songer avec nostalgie à une vie dorée sur une île déserte. Se calmant légèrement, elle croisa les bras et reprit sa leçon sur le sauvetage des âmes en détresse.

Yoake : « Reprenons maintenant. Un hollow plus puissant que vous pourchasse une âme. La première chose à faire N’EST PAS d’attirer l’attention en fonçant comme un bourrin dessus. Parce que rien ne vous dit qu’il n’a pas un copain qui l’attend derrière, prêt à manger l’âme en question et à vous prendre un sandwich après. Dans cette situation, vous devez faire une diversion. Oui, parfaitement. Au lieu de lancer votre Byakurai à l’aveuglette dans l’ennemi, s’en servir pour faire écrouler un bâtiment sur le hollow aurait été beaucoup plus intelligent par exemple. Ainsi, vous pouvez gagner du temps et mettre l’âme à l’abri, voire même lui faire un konso. Partez du principe qu’une âme pourchassée par un monstre est toujours terrorisée et donc fait absolument n’importe quoi, surtout les choses les plus stupides. Ainsi, vous pouvez revenir vers le hollow sans être préoccupé par ce que vous devez protéger et avec un peu de chance, votre ennemi sera blessé. »

Ah ! Ça t’en bouche un coin ça, pas vrai ? Et ouais, Yoake elle roxxait tout du poney, tu peux pas test tellement elle est cool. Elle vérifia rapidement que le hollow en était encore à hurler de douleur en osant pas trop se débattre parce que ça faisait mal et cette connasse de dague était quand même sacrément bien enfoncée, elle reprit en désignant l’âme tremblotante dans un coin de la rue, qui n’avait pas osé bouger.

Yoake : « L’âme est toujours ici. Vous avez déjà pratiqué un konso n’est-ce pas ? »

L’assassin observa le noble pendant sa tirade. Apparemment, il avait de plus en plus de mal à accepter les remarques certes dures et ironiques de la vizarde mais elle se consolait en se disant que c’était pour son bien. Elle commençait à comprendre l’ancien chef de la seconde Division, ce fameux bakeneko. S’opposer à lui et le rabaisser le pousser à se surpasser et à réfléchir... L’orgueil et sa fierté étaient à la fois son point faible et son point fort. On l’atteignait très vite mais cela le forçait à donner le meilleur de lui-même... le danger dans tout cela était qu’il était impulsif et pouvait donc faire des bêtises. Mais cela pouvait se travailler. Elle retint un sourire satisfait en le voyant couler un regard vers l’âme totalement effrayée roulée en boule dans un coin. Il était essentiel qu’il ne perde pas de vue ses priorités. Pourtant non, il ne sembla pas avoir écouté un mot de ce qu’elle venait de lui dire – mettre l’âme en sécurité avant de s’occuper du hollow – et la devança d’une épaule. Ben voyons.

Byakuya : « Je n’ai pas dit que j’allais l’attaquer de front, mais avec ruse et je n’ai pas besoin de la vôtre pour ce faire. » Il marqua une pause, le temps de regarder de nouveau l’âme. « Je n’ai encore jamais purifié d’âme, car mon stage ne commence que dans quelques jours. »

Elle secoua légèrement la tête et décida de laisser tomber. En fait, elle avait décidé de croiser les bras et d’attendre sagement son plan au moment où il s’était avant vers elle. Il n’était pas du genre à discuter de ce qu’il allait faire – et après il s’étonnait qu’on s’inquiète pour lui – et il avait l’air aussi têtu qu’une mule. Autant rester là à l’observer en tentant de minimiser les dégâts. Elle décida donc d’être patiente et de le laisser faire à sa guise. D’un shunpo, il rejoignit un toit et elle le vit vaguement planter son sabre dans le sol avant de tendre ses bras en direction de son adversaire. Elle ne l’entendit pas mais vit ses lèvres bouger et bientôt un Sokatsui alla aveugler le hollow pour terminer sa course droit sur un échafaudage qui alla s’abattre sur le hollow. Elle eut un sourire moqueur et ironique en voyant cela et tira rapidement sur le fil qui retenait son arme et la rattrapa au vol... Elle n’avait pas vraiment envi que ledit fil se tranche et être obligée d’aller chercher son arme dans les décombres. Elle avait quand même autre chose à faire, comme surveiller un noble... qui selon lui n’avait pas besoin de la ruse de l’assassin, ce qui ne l’empêchait pas de faire exactement ce qu’elle avait suggéré. Sale gosse. Bientôt il dirait qu’il a eu l’idée tout seul.

Enfin pourquoi pas après tout. Soupirant, elle observa le reste du combat. Le jeune noble disparut dans la poussière soulevée et elle devina plus qu’elle ne vit sa silhouette debout sur le hollow et les décombres. Il y eut quelques instants de flottement pendant lesquels le noble ajusta son tir et un nouveau sort de Kido fusa vers le hollow. Aussi faible que soit son énergie spirituelle pour l’instant, il était assez doué pour l’art du démon et à cette distance, il était difficile d’y résister. C’était bien pensé, il fallait bien le reconnaitre. A un instant elle crut que le noble allait tomber sous les secousses que faisait le hollow pour se libérer des décombres et du noble mais il avait tenu bon. Pas si mal que ça pour un sale gamin. Un nouveau shunpo et le noble fut de retour près d’elle, couvert de poussière mais étonnamment indemne. L’explosion si proche de son Shakkaho aurait pu le blesser ou encore envoyer des projections des décombres qui auraient pu l’atteindre. Mais non, pour le coup il avait eu de la chance et il avait simplement gagné le droit de prendre un bon bain à son retour. Elle le détailla alors qu’il semblait légèrement essoufflé... rien de très étonnant, ce devait être la première fois qu’il usait tant d’énergie dans un réel combat. Et il fallait l’avouer, il s’en était pas trop mal sorti... même s’il lui avait piqué son idée d’échafaudage.

Yoake : « Bien joué Jeune Prince, cette approche était la bonne. Vous avez pris des risques, mais aucun d’eux n’était inconsidéré... Félicitation. »

Elle lui fit un sourire et un petit clin d’œil. Sans doute Yoruichi l’aurait de nouveau rabaissé en se moquant de lui mais ce n’était pas le style de Yoake. Elle n’aimait pas se confronter sans cesse à une personne, et puis le noble méritait bien ces félicitations. Elle posa légèrement sa main sur son épaule pour la serrer brièvement pour marquer ses propos mais ne prolongea pas davantage le contact, sachant que l’adolescence avait tendance à se soustraire à toute étreinte même légèrement appuyée. Elle suivit enfin le regard du noble vers l’âme encore terrorisée mais qui semblait tout de même allait un peu mieux depuis que le monstre masqué avait mordu littéralement la poussière. Il ne restait plus qu’à la rassurer et à appliquer un konso. Elle parla d’un ton un peu plus bas pour qu’il soit le seul à entendre ses paroles et souffla d’une voix douce.

Yoake : « A vous de jouer. Je vous suggère de le rassurer et de lui expliquer la situation avant d’appliquer votre konso, s’approcher l’arme à la main risquerait de l’effrayer davantage. Vous êtes plutôt doué en Kido, vous ne devriez pas avoir de mal à contrôler votre énergie pour l’envoyer à la Soul Society... Je vous fais confiance, allez-y. »

Yoake observa le noble adolescent en s’écartant légèrement. C’était à lui de finir ceci et puis, il lui avait prouvé par son attitude au combat – enfin, un peu après lui avoir remonté les bretelles c’était vrai – qu’elle pouvait lui faire confiance... dans une certaine mesure. Elle croisa les bras un peu à l’écart et le surveilla du coin de l’œil, vérifiant qu’il ne faisait pas fuir l’âme en courant mais... il se montra... étonnamment doux avec et l’espace d’un instant, elle crut voir véritablement Shojun dans ses traits. Elle se troubla un instant avant de se reprendre, ne voulant pas confondre les deux hommes. Et, peut-être était-ce ça qui la dérangeait au fond, sa ressemblance avec son père... elle secoua la tête et, après avoir vérifié que le noble s’en sortait bien et qu’il n’y avait aucun ennemi à proximité, elle usa du shunpo pour s’éloigner et aller chercher quelque chose pour qu’il puisse se débarbouiller le visage. Connaissant assez bien le monde des humains et les lieux, elle ne mit pas très longtemps pour trouver ce qu’elle voulait.

Revenant près de lui, elle eut juste le temps de le voir pratiquer son konso avant d’observer son énergie vaciller et s’approcha de lui. Lui enlaçant délicatement les épaules d’un bras sans le laisser protester, elle lui transmit tout doucement son énergie, cadenassant très fermement l’énergie de Tsukiyo pour qu’il ne sente pas son côté hollow. Peut-être un jour serait-il au courant pour ceci mais... pas pour l’instant alors qu’ils se connaissaient à peine. Elle ne chercha pas à étendre le contact physique plus que cela, déposant simplement son front sur l’arrière de son crâne, partageant son énergie avec lui, sans un mot. Puis, une fois sûre qu’il tiendrait le coup tout seul et pour un bon moment, elle se détacha de lui en le félicitant à voix basse. Elle ne savait pas réellement ce qui lui avait pris de faire ça mais... peu importait. Elle ne fit aucun commentaire à ce sujet, ne jugeant pas les mots utiles.

Le reste de la journée se passa sans réel incident. Après que le noble se soit débarbouillé la frimousse, Yoake ôta grossièrement la poussière de son manteau avant de l’emmener manger quelque chose d’épicé pour lui redonner quelques forces et profiter de la fin du festival. Yoake était pensive... elle ne savait pas réellement comment elle devait se conduire avec lui. Dès les premiers instants, elle lui avait demandé de se méfier d’elle, comme pour instaurer une distance entre eux et elle ne savait pas si elle devait le regretter ou non. Il fallait qu’elle parle avec Ginrei et... qu’elle fasse un bon massage à l’adolescent ce soir, il avait l’air d’en avoir besoin. Et non, elle ne le couvait pas, elle prenait juste soin de lui, ce qui rentrait totalement dans son rôle de garde du corps. Absolument. Elle chassa ses pensées de sa tête et se concentra sur l’instant présent, partageant le plus simplement du monde un moment avec son petit protégé... qui allait le rester pendant très longtemps, sauf qu’elle ne le savait pas encore.