Sujet : Song of the Stars
Personnages : Amado Yoake - Alucard ValkenHayn
Statut : Terminé - Abandonné
Débuté le : Mercredi 18 Août 2010
Terminé le : Vendredi 24 Septembre 2010

Allongée sur son lit, les mains croisées dans sa nuque, Yoake fixait le plafond d'un air vide. Une légère odeur de cerisier flottait dans la pièce, sans doute du au récent coup de serpillère qu'elle avait du passer dans la pièce... Il fallait très vite enlever les tâches de sang sur le parquet, sinon ça se tâchait très vite. Surtout qu'après, impossible d'utiliser un quelconque détergent. La couverture recouvrant à peine son corps à demi-dénudé, aucun frisson ne venait pourtant parcourir sa peau. Seule sa respiration, lente et régulière, venait alternativement tendre et distendre sa peau de marbre et trahir sa condition de vivante. Enfin vivante... Façon de parler. Après tout, cela faisait longtemps que son corps était mort. Celui-là n'était qu'artificiel. Les globes oculaires effectuèrent une légère rotation sur le côté et un grondement sourd s'éleva de sa gorge. Il était l'heure de se remettre en route. Grommelant quelques paroles inintelligibles, Yoake quitta son état léthargique qui n'était du à aucune neuropathie et s'assit sur le rebord de son lit double européen. D'une main, elle se frotta les yeux alors que la seconde cherchait déjà à attraper le téléphone portable jusque là sagement posé sur la table de chevet.

Sans plus de cérémonie, elle se leva et attrapa le débardeur qui l'attendait sur le dossier de la chaise. Une main passée dans ses cheveux lui donna l'assurance qu'ils étaient secs et qu'ils n'avaient besoin que d'un coup de brosse avant d'être pleinement présentable. Elle adorait quand les choses se passaient parfaitement bien, dans la fluidité la plus totale. C'était... reposant. Un rapide détour dans la salle de bain acheva de réveiller les sens de son gigai. Un léger bandage scellant son bras droit venait témoigner de sa journée plutôt... agitée. Mais l'un dans l'autre, les choses s'étaient plutôt bien passées, ou du moins, on ne pouvait espérer mieux. Elle relut en diagonal le mail expliquant son prochain rendez-vous sur l'écran de l'ordinateur portable posé sur la table du salon en sirotant un café, au grand dam de son Zanpakuto qui se mit à grommeler d'un air sombre au fond de sa conscience des mots comme « caféine », « énervement » ou encore « déconcentration ». Non. Son sabre n'aimait pas le café et l'impact qu'il avait sur le corps de son possesseur. Aussitôt, le dialogue s'engagea avec son hollow interne qui le charia sur son obsession avec ce breuvage et sur le fait qu'il devrait faire une psychanalyse.

Habituée à ce genre d'intervention, elle ne le releva toutefois pas. En combinaison de cuir - elle comptait prendre sa moto - elle vérifia qu'elle n'avait rien oublié. Son portable, ses clés, son bracelet scellant son énergie, son Mod Soul si nécessaire, ses chewing-gum - elle entendait déjà son arme pousser de hauts cris -, son arme de point, son arme blanche - c'était intrinsèque voire pathologique chez elle, elle avait besoin d'avoir le contact d'une arme sur elle -, plus deux ou trois bricoles qu'elle avait appris à ne pas oublier en vivant parmi les humains. C'était toujours assez surprenant de changer d'habitude. Son regard parcourut rapidement le journal de la veille. Gros titre du moment : La croissance du nucléaire, avec un vieux cliché d'un quelconque déflagration. Rien de bien intéressant donc, mais c'était toujours bon de savoir ce qui préoccupait les humains. Ou ce que l'État voulait qu'ils se préoccupent, au lien de venir fouiner dans leurs affaires... Mais ceci était une autre histoire. Dans le même geste, elle posa sa tasse à présent vide et glissa son casque sous son bras - pas question de se faire arrêter et d'arriver en retard à son rendez-vous. Allez, c'était reparti pour un tour.

Elle sortit à l'extérieur sans oublier de verrouiller la porte, jeta le vieux journal en passant et enfila son casque aussi noir que le reste de sa combinaison. Elle avait peut être l'air légèrement ostentatoire dans ces vêtements, seulement ils étaient beaucoup plus pratique pour faire de la moto. Enfourchant sa fidèle bécane - devinez la couleur ? Rose bonbon bien entendu. Arhem, non noire -, elle mit le contact et démarra sans préavis. Perdre du temps ne faisait pas parti de ses habitudes. La route défila sous ses roues sans qu'elle y fasse réellement attention, son esprit réfléchissant à la physique. La nuit dernière, un article sur les solénoïdes et les supraconducteurs avait particulièrement retenu son attention, et elle cherchait à prévoir les domaines sur lesquelles ces découvertes pourraient s'appliquer. Oui, l'excuse est nulle mais il me fallait bien un prétexte pour caser ces deux mots. Reprenons. La vizarde fit un léger détour pour éviter les lieux cloaques qui bordaient le côté Sud de la ville. Ce chemin serait peut être un peu plus long mais au moins, il lui éviterait d'avoir à croiser les effets défoliants des pesticides - anéantissant la pollinisation - et les victimes de la syphilis qui laissait les jeunes filles complètement aménorrhées.

Elle arriva finalement au lieu-dit où elle gara son engin sur le parking réservé à la clientèle et rangea son casque sous le siège. D'un pas silencieux et souple, elle pénétra dans la bâtisse - une sorte d'hôtel-restaurant - et passa sans faire attention devant le diptyque qui ornait l'entrée. Ses pas la conduisirent presque naturellement - elle connaissait les lieux - vers le bar où elle s'assit à côté d'un homme d'un age certain - voire même d'un certain age - qui visiblement l'attendait. Enfin, pas depuis longtemps puisqu'aucun verre vide ou remplit n'était à proximité de lui. Un charmant sourire fleurit sur les lèvres de la jeune femme, qui trouva un écho chez l'homme dès qu'il la reconnut. Ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient des affaires ensemble après tout. Cet hôtel en apparence banal appartenait en réalité à une branche de la mafia et servait parfois - pas souvent - de pied-à-terre quand il se passait des opérations plus ou moins importantes. Heureusement, le coin était tranquille ici. Un coup d'œil discret et rapide dans la pièce lui assura ce qu'elle soupçonnait. L'être qui semblait asexué à force de boisson à moitié écroulé sur le bar était l'un des hommes de main de son futur employeur, et il n'était pas si saoul qu'il voulait le faire croire. L'autre, assit de l'autre côté, fixait avec insistance son verre à moitié vide et semblait légèrement hypocondriaque. La salle était surveillée, ils pouvaient parler librement.

Ce ne fut pas très long. Une demi-heure suffit aux deux êtres pour convenir à un accord. Enfin, dix minutes avait fallu pour expliquer la mission, deux minutes pour l'accepter et le reste du temps pour s'échanger quelques politesses de base. Cela pouvait paraître surprenant mais c'était ainsi. Le vieil homme aux cheveux grisonnant finit par se lever, s'incliner respectueusement devant celle qui allait « arranger quelques uns de ses soucis », lui souhaiter une bonne nuit et retourner dans la voiture aux vitres teintées qui l'attendait à l'extérieur. Dix minutes plus tard, le pseudo-ivrogne se dirigea vers la sortie d'un pas qui se voulait assuré. Le second en revanche, resta. Et pour une raison totalement inconnue à Yoake, elle aussi. Elle se laissa gagner par l'ambiance tamisée et douce du bar, commandant une nouvelle boisson d'une voix distraite. Pressentiment ? Intuition ? Peu importait. De toute façon, elle devait rester ici un certain moment pour assurer les apparences. Ne pas partir trop rapidement après le dernier homme. C'était l'une des règle... Fermant les yeux, elle baissa la tête et glissa une main dans sa nuque en soupirant doucement, comme pour chasser quelques tensions. Allez. Dans quelques instants, elle pourrait repartir. Pas tout de suite du moins.

Finalement il semblerait qu'elle doive rester un peu plus longtemps que ça. Ses sens légèrement amoindris par son gigai ne purent cependant s'empêcher de relever une activité près d'elle. Le bar n'était pas plein, l'allée était suffisamment grande pour que quelqu'un puisse y passer sans la frôler alors... Hmm, non, ces bruits de pas venaient clairement dans sa direction. Analysons la situation... Elle était dans un bar, qui sans être bondé, ne pouvait pas être qualifié de vide. Le bâtiment appartenait à la mafia mais elle n'avait jamais agi contre elle et elle venait d'ailleurs d'avoir un nouveau contrat. Elle savait suffisamment de chose pour les faire tomber mais c'était réciproque - du moins le croyaient-ils - et pas dans son intérêt de le faire. Les pas étaient lourds mais réguliers - indubitablement masculin, et elle pouvait déjà sentir le charisme de l'homme venir s'abattre doucement sur ses épaules à la manière des vagues sur une falaise ou sur une plage. L'homme devait être grand et assez baraqué, elle pouvait le juger aux sons lourds de ses bottes et à l'ombre qui se profilait sur le sol. Instinctivement, Yoake visualisa la scène et bougea très légèrement son corps pour vérifier que les deux armes étaient bien à leur place. Il lui faudrait peu de temps pour dégainer et elle aurait au moins le temps d'être hors de portée si jamais l'inconnu devait être un expert en art martiaux.

Son regard se porta innocemment sur l'aquarium proche du bar, où dansaient des poissons exotiques aux multiples couleurs autour d'un trésor en plastique. Elle ne pouvait pas bien distinguer le reflet de l'homme sur la vitre, mais au moins son portrait n'était pas déformé comme il aurait pu l'être sur les bouteilles d'alcool s'alignant derrière les serveurs. D'ailleurs, à en juger par les légers coups d'œil qu'ils lançaient à l'inconnu, ils ne le connaissaient pas non plus... et ne devait pas faire parti de la mafia. Bon, c'était déjà ça. Alors qui était-il ? Elle sentit une légère décharge d'adrénaline se libérer dans chaque fibre de son corps, cherchant à alléger le poids sur son sternum qui venait de naître. Patience... Une inspiration plus prononcée camouflée dans un soupir souleva son thorax. L'homme était assez proche maintenant, sans toutefois dépasser cette "distance de courtoisie" que les humains instaurés tacitement. C'était clair maintenant, c'était bien elle qu'il venait voir. La connaissait-il ? Avait-il quelques cadavres dans son placard dont il aimerait se débarrasser ? Avait-elle assassiné un quelconque membre de sa famille ? Un léger tintement lui indiqua qu'il venait de poser avec une délicatesse surprenante pour un homme de cette tempe sa tasse sur la table.

Yoake leva les yeux alors que l'homme prenait place en face d'elle. Si elle fut surprise, elle n'en montra rien, du moins pas pour les mêmes raisons. L'individu était bel et bien grand - plus qu'elle sans le moindre doute - et faisait bien deux fois et demi sa corpulence. Oh ! Il n'était pas gros très loin de là, mais ses vêtements camouflés à merveille des muscles qui ne devaient rien aux stéroïdes. Ses cheveux gris, ramenés d'une façon des plus distinguée vers l'arrière, étaient attachés en une queue de cheval et ses yeux avaient quelque chose d'envoutant. C'était le genre d'homme qui pouvait faire éclipser le monde une fraction de seconde rien qu'en vous regardant. Il avait quelque chose qui brillait dans ses yeux, comme une flamme vacillante témoignant d'une connaissance profonde et ancienne qu'on ne pouvait obtenir qu'avec l'expérience. C'était le genre d'homme à qui l'on demanderait facilement un exorcisme ou qui aurait pu faire de la thaumaturgie que ça n'aurait pas étonné. Comme s'il avait brisé le continuum du temps, son style vestimentaire semblait s'être arrêté à une quelconque époque et donnait l'impression d'un adamentum du passé dont on aurait oublié erratum. Le genre de libre qu'on ne pouvait trouver que dans un librarium ancien et poussiéreux. Que lui voulait-il ? Pourquoi venir lui parler ?

ValkenHayn : « Veuillez excuser mon extrême impudence jeune demoiselle, mais ma curiosité m'a pousser à un tel acte. » Il marqua une pause pour prendre une gorgée de sa boisson. « Je me demandais ce qu'une personne telle que vous pouvais bien faire avec un être aussi douteux que votre précédent interlocuteur et j'hésitais à intervenir jusqu'à son départ. »

Étrange. Était-ce la vraie raison de sa venue ? En tout cas, il avait du charme et il savait s'en servir, c'était loin d'être un inculte dans ce domaine. Ce n'était pas le genre d'homme qui dansait la javanaise ou qui lisait les Schtroumpf. Plutôt le genre qui dirait que des pattes carborana seraient un plat "rapide et facile à faire" avant d'aller jeter les miettes aux écureuils ou aux oiseaux. Son visage n'était pas japonais, plus dans le type européen... En tout cas, pas avant la frontière de la Biélorussie. Sa voix était grave et grondante, presque traînante. Rauque peut être. Le genre de voix qui roule dans la gorge et qui recouvre le cœur des hommes comme une couverture chaude et bienfaisante. Elle allait de paire avec son charisme : indéniable mais pas écrasant. Réconfortant et rassurant. On agissait avec eux comme devant une relique ancienne ou un poterie précieuse : avec respect et humilité. Sauf si on était un jeune con qu'il faudrait émasculer, mais c'était une autre histoire. Cependant, il avait quelque chose que la majorité du commun des mortels ne pouvait pas déceler : une pression spirituelle. C'était léger, loin de celle des hollows ou des shinigamis, plus proche d'un humain aux pouvoirs incroyables comme elle avait pu en croiser dans sa longue vie.

Un sourire courtois et amical se dessina sur les lèvres de la vizarde. Ainsi donc, c'était la curiosité qui l'avait poussé à la rejoindre. Bon, après tout pourquoi pas, elle était très mal placée pour parler de curiosité maladive et elle savait que la plupart du temps, ça lui attirait des ennuis. C'était à présent à elle d'être curieuse, comment cet homme avait pu savoir que son précédent interlocuteur n'était pas des plus fréquentables ? Bien entendu il était un peu mafieux et ça se voyait, mais rien d'hostile. Pas au point de venir la voir en tout cas... Surtout que si elle lui parlait, alors elle devait être aussi suspecte que lui. Or, il n'avait pas l'air de lui être franchement agressif comme garçon... Elle savait que sa présence mettait facilement en confiance les gens, les calmer. C'était un atout précieux pour un assassin, et elle s'en était très souvent servi sans la moindre hésitation. Parfois, c'était la meilleure des drogues... Yoake se redressa et se mit dans une position un peu plus respectable pour répondre à l'inconnu.

Yoake : « Je vous en pris Monsieur. Nous parlions affaire rien de plus, mais vous avez raison sur un point : ce n'est pas un homme très fréquentable. Mais les affaires sont les affaires n'est-ce pas ? »

Elle marqua un léger silence ponctué d'un sourire complice, avant de s'appuyer légèrement contre le dossier de sa chaise. Ses bras se croisèrent alors que son regard se fit plus taquin, jamais méchant mais peut être un petit peu moqueur. Sa voix était plus douce que celle de son interlocuteur, alors qu'il enveloppait les gens dans une espère de cocon protecteur, elle s'insinuait au creux de leur être pour venir les réchauffer de l'intérieur à la façon d'un cœur battant. Plus discrète, plus douce et aussi sucré qu'un bonbon qu'on laisserait fondre sur la langue. C'était un assassin après tout. Son ton se fit un peu plus joueur alors qu'elle reprit la parole.

Yoake : « Et aurais-je l'honneur de savoir l'identité de celui à qui je m'adresse ? »

Vraiment cette personne semblait des plus intéressante, excepté l'odeur de sang qui lui collait à la peau bien entendu et ce que je qualifierait d'un manque de jugeote plus que flagrant quand à son comportement aux égards de ValkenHayn. Enfin, tout ceci était bien plus agréable que les regards lourds, meurtriers et bellicistes des autres convives présents dans le bar. Que d'antipathie, tout ceci lui laissait un gout des plus aigres sur les papilles gustatives, allant presque jusqu'à lui arracher une mimique de dégout. La vie de patron bar n'était pas une sinécure certes, mais quand même était-ce une raison pour paraitre aussi désagréable et apostropher ValkenHayn d'un tel regard? Fort heureusement à cet instant précis la personne située en face semblait fixer autre chose, l'aquarium? Peut-être était elle affamée, de nos jours les jeunes gens qui peuplent ce caillou que l'on nomme la terre souffrent pour beaucoup d'anorexie ou de divers troubles comportementaux les poussant à lutter contre leurs instincts intrinsèques les plus essentiel pour conserver une silhouette supposée appétissante pour les membres du sexe opposé. Chose pour le moins étrange aux yeux d'un gentleman comme notre majordome, jugeant avant toute chose l'âme d'une personne au lieu d'un simple bout de chaire. Il devait tout de même avouer qu'un joli minois se trouvait représenter un petit plus pour le moins agréable, quel que soit la véritable nature de sa pseudo interlocutrice il était tout à fait indéniable qu'elle était doté d'un tel physique.

Semblant éviter de poser son regard directement sur ValkenHayn, elle paraissait analyser la situation d'une manière ou d'une autre, peut-être redoutait-elle qu'il ne soit une rencontre de mauvaise augure? Il est vrai que sa stature pouvait se prêter à ce genre de craintes mais sa façon d'être balayait tout cela aussi rapidement et efficacement qu'un bon vieux cyclone tropical arrachant la toiture d'une maison Floridienne en plein mois d'Aout. Elle respirait lentement, en toute quiétude faisant s'abaisser légèrement son dos après chaque inspiration, son visage caché par ses cheveux. Ce petit volume capillaire dévoila son visage alors qu'elle releva les yeux au son du léger tintement mélodieux de la tasse emplit de liquide ambré qu'avait déposer notre ami canin sur la table de bois. Aussi rythmé qu'un Alexandrin, doux qu'agneau et mélodieux qu'une tirade romantique ceci dû donner quelques indices quand au genre d'homme qu'il était. Une chose fut alors certaine à la vue de la mine rayonnante qui se dévoila aux pupilles de ValkenHayn, elle était d'une beauté assez rare de nos jours. Des yeux d'un bleu profond et envoutant, des lèvres douces et sucrées, une peau en apparence douce et luisante, des pommettes peu marquée mais très légèrement rosées. Tout en elle semblait fait pour s'attirer sympathie et bonnes grâce tant elle semblait innocente et pure, du moins pour quelqu'un n'ayant pas un odorat du niveau de l'homme en costume brodé d'or se tenant assis en face d'elle. Mais bon, ce n'était pas une raison pour la classer sur un coup de tête à cause de quelques critères hasardeux, le meilleur moyen de révéler la véritable nature d'une personne c'était de converser avec elle se disait ValkenHayn qui venait de prononcer quelque paroles de sa voix forte, roque, grave et impératrice.

Cette fille, son physique était typiquement asiatique, une native sans aucun doute. En tout cas elle était vraiment à part sur tous les plans faisant passer l'assistance pour de vulgaires bubons sur le dos d'un lépreux affligé de plus par une Anosognosie on ne peut plus malencontreuse dans sa situation. De vulgaires insectes tout justes bons à se prendre une bonne dose de Zyklon B selon moi, mais l'avis de ValkenHayn était lui tout à fait différent voyant en elle une personne à même d'embellir ce monde de chaos par ses actions et son charisme, pas le genre de personne devant finir ses jours avec une dizaine de gosses aux cœur d'une fermette miteuse perdue en pleine campagne. Telle une fleure délicate sur le point de s'épanouir on devait y fixer une armature de métal pour les modeler et les orientés dans la bonne direction tout en cependant restant aussi attentionné et délicat que possible. Elle commença à esquisser un sourire aux contours harmonieux qui lui fut rendu par ValkenHayn, le sien étant assez proche de celui qu'un grand père adresserait à ses petits enfants. Elle se mit alors dans une position un peu plus respectable se redressant en direction des paroles qui lui avaient été adressées peu auparavant y répondant sans attendre plus longtemps, n'étant clairement pas atteinte d'un quelconque mal s'apparentant à la procrastination.

« Je vous en pris Monsieur. Nous parlions affaire rien de plus, mais vous avez raison sur un point : ce n'est pas un homme très fréquentable. Mais les affaires sont les affaires n'est-ce pas ? »

En effet tout ceci était on ne peut plus vrai et pertinent, ValkenHayn ne put retenir un très léger ricanement en réponse marquant qu'il approuvait cette vision des choses. Elle sourit encore une fois, croisant ses bras et s'adossant à sa chaise. Il y avait quelque chose de taquin dans sa façon de faire et d'être, quelque chose de joueur. Ce n'était pas pour déplaire à ValkenHayn et puis ce genre de chose était ce qui caractérisait le mieux la jeunesse. Elle était tout à fait respectueuse envers lui cependant, pas comme certain de ces jeunes arrogants prenant des airs de prince Volubile alors qu'il ne sont absolument rien. Cette conversation se savourait comme une sucrerie, douce et délicate. Tout ceci était d'un civilisé, ça avait manquer à ValkenHayn depuis le temps qu'il n'avait pas eu si délicieuse compagnie. Elle continua à s'exprimer toujours sur ce ton si mielleux anesthésiant les craintes et doutes qu'auraient put avoir le majordome s'il en fut ainsi le cas.


« Et aurais-je l'honneur de savoir l'identité de celui à qui je m'adresse ? »

La réponse de ValkenHayn ne se fit pas attendre, posant sa main droite au niveau de son cœur il entama sa phrase essayant de rendre sa voix légèrement plus douce alors que ses cordes vocales commençaient à produire les syllabes nécessaires à l'office.

"Tout l'honneur est pour moi demoiselle. Je me nomme ValkenHayn. Me trouveriez vous arrogant si je daignais vous demander le votre?"

Ah ! La courtoisie. Yoake n'était plus habituée à ce genre d'égard et si cela ne lui avait jamais réellement manqué, elle se rendit compte aux manières du gentleman oh combien c'était agréable. L'égalité homme-femme était une bonne chose mais... mais il manquait cette espèce de respect, de code qui avait dicté les relations pendant longtemps. Maintenant, même manu militari, il était impossible de faire revenir ce code. Les gens vivaient trop vite pour s'occuper de telles "futilités". Il était vrai que, pour le peu d'avoir une bonne naissance, la vie passé était parfaite. Calme, douce, limpide... Monotone peut être. Mais tellement plaisante. Aujourd'hui, le zen n'était plus à l'ordre du jour. Les hommes avaient pris conscience que leur vie ici-bas était courte, et toutes les inventions nouvelles leur donnaient une liste considérable de choses à faire avant de mourir. Alors maintenant, il fallait vivre sa vie à fond, sans se soucier du reste et tester le plus de choses possibles sans le moindre regret. Courir jusqu'à l'épuisement, montre jusqu'à se brûler les ailes, plonger jusqu'à ne plus avoir d'air... C'était la philosophie actuelle. Bah, juste une mode comme il y en avait tant eut, dans un demi-siècle la tendance changerait surement. C'était ce genre d'évolution qui manquait dans l'hégémonie de la Soul Society et qui avait ennuyé la vizarde. Mais c'était le passé maintenant. Passé dans lequel elle avait l'impression de retourner avec cet étrange individu aux manières anciennes.

C'était définitif, elle adorait ce type et elle n'était pas pressée d'atteindre l'épilogue de cette rencontre si particulière. Il lui faisait l'effet comme d'une parenthèse dans une vie trop agitée, une pause dans un jeu vidéo après y avoir jouer pendant plusieurs heures ou une profonde respiration après être rester en apnée trop longtemps. Cependant, il lui restait quelques petites choses à faire avant d'être tranquille avec le charmant gentleman assis en face d'elle. Bougeant imperceptiblement la main à l'abri de la table, Yoake fit un petit signe aux mafieux qui l'entouraient. La vie de l'homme n'avait jamais été en danger, mais il était toujours préférable de ne pas avoir des membres de la mafia sur les nerfs. Au moins geste suspect de la part du grand gaillard, une demi-dizaine d'arme aurait fusé... Autant les rassurer un peu. Relax les mecs, tout allait bien, elle maitrisait la situation... Et étrangement, cela marcha à merveille. Comme si on avait appuyé sur un quelconque bouton magique, la tension qui planait dans l'air s'allégea et les personnes présentes dans le bar retournèrent à leurs réelles occupations. Peu de gens savait le réel rôle de Yoake, mais ils savaient juste que quand elle disait quelque chose, on la fermait si on tenait à sa vie. Et je ne parlais pas de la vie "physique", mais bien de toutes les personnes plus ou moins proches de vous et des choses qui étaient chères à vos yeux... Ça serait dommage de tout perdre, n'est-ce pas ? Les mafieux l'avaient bien compris et à présent, quand l'assassin disait quelque chose, tout le monde se taisait. Ou en l'occurrence, laissait tranquille Yoake et le nouvel arrivant. Portant sa main droite à son cœur, ce dernier souffla d'une voix radoucie :

ValkenHayn : « Tout l'honneur est pour moi demoiselle. Je me nomme ValkenHayn. Me trouveriez-vous arrogant si je daignais vous demander le votre ? »

Son sourire effaça le petit pli moqueur qui s'était formé et à l'instar de la voix de ce fameux ValkenHayn, son regard s'adoucit légèrement. Elle était peut être un peu rouillée dans toutes ces belles manières mais ça allait vite revenir. Elle ne voulait pas instaurer de barrière entre eux, mais elle devait garder cette distance courtoise et polie que les gens gardaient instinctivement il y avait quelques centaines d'année. Pas évident, surtout qu'à l'époque elle était occupée soit à sillonner les mers du monde, soit à gérer sa Division à la Soul Society. La moquerie fit place à l'amusement. Elle lui avait demandé son nom, il était bien normal qu'elle donne le sien en échange non ? Cependant, quel nom allait-elle bien pouvoir lui sortir ? Yoake n'avait pas une tête "typée", elle était née au Moyen-Orient pendant les croisades avec la peau anormalement pâle, elle avait passé une partie de sa vie là-bas avant de rejoindre l'Europe, puis de partir jusqu'en Asie. Son physique était assez passe-partout... du moins son âme. Car son gigai lui, était légèrement différent et nettement plus japonais. Car la règle d'or d'un assassin était de passé inaperçue, et donc il fallait être le plus ressemblant possible avec les autochtones, furent-ils cappadoce. Cependant... Elle risquait pas mal de chose à révéler son véritable nom, mais bon, c'était une façon de le remercier de lui apporter ces quelques moments de répit.

Yoake : « Certainement pas, Seigneur ValkenHayn. Je me prénomme Yoake, Amado Yoake. Je suis enchantée de faire votre connaissance. »

Et ce n'était même pas un mensonge. La vie était merveilleuse. Cependant, les mystères autour de l'inconnu se faisaient de plus en plus nombreux. Il avait un style un peu particulier soit, encore cela aurait pu passer, mais il y avait cette pression spirituelle, ses manières et à présent son nom qui venaient s'ajouter au charme de l'homme. Il était de plus en plus intriguant, et il ne fallait pas beaucoup de chose de plus pour attirer l'attention de Yoake. Son regard se fit plus intense sans franchir la limite du gênant ou du politique incorrect. Cela pouvait passer pour un regard intrigué et curieux, ce qu'était réellement l'assassin... Sauf que sous ses airs innocents, son esprit fonctionnait à toute allure. ValkenHayn... Ce nom ne lui disait rien mais il n'était pas asiatique. Européen sans le moindre doute... Et plus précisément, de l'Europe de l'Est. Il était rare que les originaires de ces pays voyagent si loin, surtout en Asie et particulièrement au Japon où l'immigration était assez mal vu. Que venait-il chercher ici ? Pas de la famille... ou alors par alliance, mais dans ce cas, il ne viendrait pas dormir dans un hôtel. Plutôt le genre d'homme où l'on retrouverait des portraits fait en lithographie, célèbre inventeur des lois des exponentielles ou créateur du gyroscope.

Yoake : « Je vous pris de me pardonner mais... Je suis quelqu'un de très curieux. Je connais bien les gens de cette ville et je vous avouerai que vous ne passez pas inaperçue... Aussi, je pense pouvoir dire avec certitude que vous n'êtes pas ici depuis longtemps, et que vous ne venez pas d'ici non plus... »

L'expression de la vizarde se fit plus songeuse et peut être un peu plus mystérieuse. Elle décroisa les bras pour boire une légère gorgée de sa boisson sans cesser de détailler l'homme en face d'elle, comme si elle pouvait lire ses secrets sur son visage. Etranger. Originaire sans doute de l'Europe de l'Est. Ses vêtements indiquent une classe de noble... Mais son petit geste de la main pour épousseter son gant démontre que sans être maniaque, il aime la propreté et que tout soit nickel. Soit un noble... soit un domestique privé. Comment ils appelaient ça là-bas... ? Un valet ? Un homme de main ? Un Domestique ? Elle avait oublié le terme. Ah ! Quelle était loin l'époque où elle pouvait se promener avec une ceste en métal sans avoir à la cacher ! Maintenant, il fallait se servir d'objet en apparence inoffensif comme un extincteur ou un tourillon pour pouvoir se défendre. Une honte ! Néanmoins, Yoake reprit sur sa lancée.

Yoake : « Arrêtez-moi si ces questions vous gênent mais comme je vous l'ai dit, je suis un être curieux. Il est rare de rencontrer quelqu'un de votre tempe ces temps-ci et c'est bien dommage. Cependant, ce n'est pas le genre d'hôtel que l'on recommande facilement. Aurais-je le privilège de savoir ce qui vous amène ici, à Karakura ? Peut être pourrais-je vous aider. »

ValkenHayn : « Amado Yoake ? C'est un nom des plus enchanteurs que vous avez là demoiselle, vous pouvez en être fière. »

Oui enfin, façon de parler. On lui avait donné ce prénom au Hueco Mondo, par sa famille hollow... Oui vous avez bien lu, sa famille hollow. Cela pouvait paraître étrange au premier abord mais il n'y avait pas d'erreur... Mais c'était une autre histoire. Yoake pouvait se traduire par ''Aurore'', en opposition à la nuit perpétuelle qui régnait au Hueco Mondo. Oui bon ça va, elle n'avait pas eut le temps d'apprendre l'humour à ses anciens camarades avant d'errer en tant qu'âme dans le désert blanc, c'était un jeu de mot pourri mais c'était très mignon au fond. Il ne fallait pas leur en vouloir. Bref, c'était certainement le prénom auquel elle tenait le plus et qu'elle utilisait – à tord et elle le savait – le plus souvent. Mais bon, on ne se refaisait pas, et elle savait être prudente donc ça compensait. Elle le remercia d'une légère inclinaison de la tête, à défaut de lui faire une légère révérence accompagnée d'une génuflexion. A la fin de son soliloque, il prit le temps de réfléchir à sa réponse et but une gorgée de son thé... Très anglais tout ça, y compris dans ses manières. Avait-elle déjà mentionné qu'elle adorait cet homme ? Enfin, il finit par lui répondre en adoptant un grand sourire chaleureux et franc.

ValkenHayn : « Je ne cherche qu'à me rendre utile, à servir mon prochain du mieux que je peux, voilà tout. J'ai parcouru une bonne partie des terres de ce monde et le Japon me paraissait particulièrement accueillant alors, je suis tout simplement venu me forger une opinion par mes propres moyens et critères. Votre sollicitude me touche énormément mais jamais au grand jamais je n'oserais abuser de votre aide, demoiselle Yoake. »

Charmant, absolument charmant. Peut être un peu trop même, Yoake ne put empêcher son instinct de survie se réveiller légèrement. Cet étranger lui paraissait trop... parfait. Trop bon pour être vrai en sorte. Et puis, depuis quand les japonais étaient-ils accueillants envers les étrangers... ? Cependant, l'histoire de ValkenHayn tenait la route. Du moins, cela correspondait avec ce qu'elle avait découvert sur lui. La volonté de servir son prochain correspondait à ses manières de... De quoi déjà ? Ah oui ! Elle s'en souvenait, de Majordome. Les nobles ne se rendaient pas utiles. Un noble utile était une antithèse, par définition. Ils semblaient vivre comme dans un milieu subaquatique, ne se préoccupant que de leur nombril sans se douter que leur promiscuité les rendait tous semblables... S'insultant mutuellement de couardise dans des phrases grandiloquente alors qu'ils ne valaient pas mieux que les autres. En plus, ils étaient tous phallocentriques, les femmes ne servant qu'à faire une jolie décoration. Peut être était-ce aussi pour ça qu'elle avait du mal à les voir en peinture, tous... Mais ce n'était pas la question. La vizarde pencha légèrement la tête sur le côté et lui souffla tout doucement dans un sourire :

Yoake : « Allons allons, vous n'abusez de rien du tout, bien au contraire. Je me ferai une réelle joie de vous aider, j'ai des contacts un peu partout dans cette ville... Dites-moi exactement ce que vous cherchez et je suis quasiment sûre de trouver cela. »

Cependant, quelque chose n'arrêtait pas de lui souffler à l'oreille que quelque chose n'allait pas. Pourtant, l'homme ne montrait aucun signe d'agressivité quelconque, était-ce ça qui la gênait ? Il était vrai qu'elle n'avait pas réellement l'occasion de parler à des gens qui ignoraient sa véritable identité et ses réelles activités. Pourtant, le changement ne l'avait jamais dérangé, pourquoi cela clochait avec lui ? Peut être que son énergie spirituelle était en cause. Hmm, non, ce n'était pas le premier humain qu'elle croisait avec des pouvoirs, elle en avait même vu un pendant l'une des béatification du pape... Sa capacité passe-muraille lui avait permis de dérober certains objets dans le sacristie. Elle le savait, elle faisait équipe avec lui à l'époque, et si elle était toujours restée méfiante à l'égard des gens, cela n'avait jamais réveillé son instinct à ce point. Et puis, brutalement, elle comprit ce qu'il se passait. L'avantage de son bracelet était qu'il lui permettait de se balader partout sans s'inquiéter de se faire repérer avec son énergie spirituelle. L'inconvénient était qu'il limitait sa propre perception à elle... Et il lui avait fallu tout ce temps pour percuter qu'il y avait un hollow non loin de là. Tss, elle était pitoyable si elle était incapable de repérer son ancien antagoniste quand il était juste sous son nez. Elle était belle l'ancienne capitaine ! Pourtant, il y avait quelque chose de plus intéressant que ce hollow. La réaction de son interlocuteur.

Elle avait l'habitude de détailler l'attitude des gens et d'en tirer des conclusions. Les yeux de ValkenHayn s'assombrirent et son visage se ferma quelque peu. Un léger tressautement de son costume parfait indiqua que ses muscles se tendaient sous sa peau halée. Son poing se crispa, et il tenta de faire passer sa nervosité en resserrant son nœud papillon pourtant déjà impeccablement mis. L'homme tentait visiblement de se maitriser... De maitriser quoi ? Avait-il peur ? Voulait-il agir ? Peut être avait-il senti quelque chose d'autre... Non, tout cela était trop gros pour être une simple coïncidence. Il avait senti le hollow et il voulait faire quelque chose... mais quoi ? Que pouvait-il faire ? Quel était son pouvoir ? Yoake sentit son esprit se laissait consumer par la curiosité, quand elle entendit le ricanement d'une voix spectrale et sépulcrale résonner dans son esprit, lui disant que si vraiment elle tenait à le savoir, elle n'avait qu'à lui demander au lieu de se torturer l'esprit. Ah, son hollow interne, Tsukiyo. Ça faisait longtemps tiens. Cependant, elle n'avait pas complètement tord. Avec un air plus grave et plus mystérieux, Yoake souffla tout bas :

Yoake : « Vous le sentez n'est-ce pas ? Vous la possédez aussi... cette force. »

Elle ne connaissait pas le terme qu'il avait l'habitude d'employer pour désigner sa particularité, donc autant utiliser le mot le plus global possible. Force était neutre, ni bon, ni mauvais. C'était le terme qui mettait d'accord tout le monde. Yoake continua de détailler l'homme en face d'elle et se concentra sur le hollow à l'extérieur. C'était un hollow mineur, il n'y avait pas d'âme à proximité à dévorer aussi changerait-il surement rapidement de place. Il n'était pas assez puissant pour faire une hécatombe mais ce n'était pas un adversaire à sous estimer... Pensive, elle se mit à se mordiller la lèvre... Oh et puis après tout, pourquoi pas. Ils étaient en périphérie de la ville, il n'y avait plus personne dans les environs du hollow susceptibles de les voir à cette heure où toute photosynthèse était impossible et pas de shinigami à proximité. Et puis, elle sentait son hollow interne trépigner d'impatience, prête à faire une concrétion pour aller elle-même faire une vivisection à la baïonnette. Elle se pencha légèrement en avant et sans changer d'expression continua d'une voix plus basse que lui seul pouvait entendre :

Yoake : « Je vous en pris, ne réagissez pas à ce qu'il va se passer tout de suite... »

Elle lui adressa un beau sourire, accompagné d'un petit clin d'œil joueur absolument adorable. Entre temps, elle avait discrètement ôté la pilule du Mod Soul attachée à son bracelet, qu'elle avala en feignant de passer sa main dans ses cheveux. Habitué à ce genre de situation, le gigai de la vizarde ne bougea pas d'un pouce et l'âme artificielle copia exactement la même expression que son maitre. Qu'est-ce qu'elle adorait ces machins aussi, c'était quand même beaucoup plus pratique que de laisser son corps inerte au milieu d'une rue ou en l'occurrence, sur une table. Yoake, elle était accroupie, les pieds sur le dossier de la chaise. Comment faisait-elle pour ne pas tomber ? C'était très simple, son âme était beaucoup plus légèrement que son gigai et elle était suffisamment douée pour ne pas casser le bois. Et oui, elle était trop forte ! o/ Au moins ainsi, elle n'avait pas à se soucier de qui pourrait la voir mise à part le Seigneur ValkenHayn, son gigai et... éventuellement le hollow s'il avait le temps de la voir. Posant son coude sur son genoux plié, sa tête elle-même posée sur sa main, elle observa le Majordome avec une lueur bien plus vivace dans le regard pour voir sa réaction. Elle n'avait pas l'uniforme des shinigami, mais elle était toujours habillée de noir et le sabre attaché à sa taille ne pouvait pas le tromper. Enfin, là, son énergie était déjà un peu plus perceptible aussi, la ramena-t-elle au niveau minimal. Pas question d'attirer le hollow ici n'est-ce pas ? Sans user de métonymie, elle lui dit doucement :

Yoake : « Pardonnez-moi, mais je dois aller me charger de ce hollow. Souhaitez-vous me suivre ? Ne vous en faites pas pour mon gigai, il sait se débrouiller seul... » En parlant de ça, elle se pencha vers son "double" et lui souffla. « D'ailleurs toi, si tu fais la moindre rayure sur ma moto, je te jure que tu vas en entendre parler... Et ne t'arrête pas en chemin, rentre directement. »

L'âme artificielle qui, jusque là, buvait tranquillement sa boisson pour justifier son silence se contenta de faire un beau sourire absolument innocent. Elle, rayer les motos ? Naooon, jamais de la vie allons. Yoake soupira en grommelant et mit pied à terre. Visiblement, l'homme comptait la suivre... Tant mieux. Mais ça voulait dire, pas de Shunpo ni de saut sur les bâtiment. Elle avait hâte de voir ce qu'il valait en combat. Le Mod Soul salua poliment le Majordome quand il s'en alla et se mit à réciter mentalement les règles de l'économétrie pour patienter. Sans hésitation, Yoake sortit à l'extérieure et se mit en route vers l'endroit d'où provenait la signature spirituelle. Tiens d'ailleurs, en sentant leur énergie respective, le hollow s'était mis à converger vers eux. La vizarde coula un regard vers l'homme à ses côtés. Si jamais elle se trompait et qu'il se mettait en danger, il allait falloir qu'elle le protège... Bouarf, ce n'était pas un problème tant que l'ennemi était seul. D'ailleurs, le voilà ! Surgissant de nulle part devant le duo, il planta ses yeux dorés sur eux en grondant sourdement. Tsukiyo ne put s'empêcher de soupirer de dépit à l'intérieur de l'âme de Yoake. On dirait qu'il avait de l'ostéoporose... Une pichenette et on en parlait plus. Manquerait plus qu'il ait la phimosis et on avait trouvé le hollow le plus ridicule de l'année. En effet, l'ennemi était malingre et respirait cette aura malfaisante qu'avait tout les squelettes. Beurk.

Hollow : « Tiens tiens, mais qui vient donc se jeter tout droit dans la gueule du loup ? »

Le hollow n'avait pas l'air puissant, et ce n'était pas uniquement du point de vue de son apparence malingre. En effet, même concentrée Yoake n'arrivait pas à ressentir un très fort reiatsu émaner de la créature... Un hollow de seconde zone, sans aucun doute. C'était certainement pour ça que les shinigamis ne se pressaient pas pour venir l'annihiler... Genre il n'était pas puissant donc on pouvait prendre son temps. Non mais n'importe quoi, ils n'avaient pas encore compris que même le plus faible des hollows était capable de vaincre une dizaine d'âme en même temps en moins de dix minutes, et que même s'ils n'étaient que des sous-fifres pour eux, le rôle principal des shinigamis était de protéger les âmes, pas exterminer les hollows pour monter en grade. Foutus Dieu de la mort... Enfin, cela présentait au moins l'avantage qu'elle et son compagnon ne seraient pas dérangés par l'arrivée d'un gêneur. Finalement, peut être que leur laxisme allait servir à quelque chose pour une fois... Mais elle était mauvaise langue. Parfois, heureusement que les shinigamis n'étaient pas toujours sur le pied de guerre, cela lui avait évité la mort - du moins la capture - un certain nombre de fois. L'énergie du majordome sembla prendre une teinte sanguine, presque animale et sauvage. Intriguée, Yoake reporta son attention sur l'humain plutôt que sur le hollow.

ValkenHayn : « Tu ne crois pas si bien dire, gamin. Ne vous dérangez pas pour une apparition de ce niveau Dame Yoake, je peux parfaitement m'en occuper. »

Cétait si gentiment demandé ! Effectuant une légère inclinaison de la tête en signe d'invitation, Yoake s'écarta légèrement du combat pour ne pas éventuellement gêner le majordome et aussi pour avoir une vison d'ensemble du combat. Elle ne voulait pas en perdre une seule miette... Déjà, elle était fascinée par les fluctuation de l'énergie de l'humain, perdant leur caractère tranquille pour prendre une force plus primitive plus... bestiale. Elle plissa légèrement les yeux pour mieux s'imprégner de cette sensation animale, la ressentant, la goûtant presque. Il lui semblait qu'elle pourrait voir l'afflux d'adrénaline parcourir le corps de ValkenHayn pour lui insuffler cette énergie. Quel genre de pouvoir était-ce là ? Puis, brusquement, le majordome fut aux côtés du hollow en un mouvement de jambe. Seuls ses sens aiguisés et le recul lui avaient permis de comprendre son mouvement... le hollow, lui, n'avait rien du voir venir. Hollow qui d'ailleurs se prit un violent coup de poing qui le fit reculer sur plusieurs mètres, laissant de profondes griffures dans le sol pour ralentir le coup. L'homme eut un petit mouvement de poignet comme pour remettre correctement sa manche, laissant quelques secondes de répit au hollow. Puis, il lui sembla que... non, sa chevelure était belle et bien en train de se hérisser et de former une masse hirsute. ValkenHayn marmonna quelque chose, avant de faire un brusque volte-face et envoyer sa queue de cheval-grizzli dans le masque du hollow.

Si Yoake se montra d'abord légèrement sceptique au vue de cette technique, ses doutes sur son efficacité furent très vite balayés en entendant le craquement sonore d'un masque qui se brise. Aucun doute là-dessus, cela ne devait pas faire du bien de se prendre la queue de cheval du majordome en pleine tête, comme en témoignait le long hurlement de douleur du hollow... Oula pas si fort, il allait ameuter tous les shinigamis du coin. Le hollow recula de plusieurs pas, ses longs doigts squelettiques se refermant sur son masque comme pour l'empêcher de se fissurer ou de tomber... à moins que ce ne soit pour endiguer le flux de sang qui s'écoulait ? Peu importait, ValkenHayn n'avait pas l'air d'en avoir fini avec lui. Ses cheveux de nouveau coiffés à la perfection, il s'approcha d'un pas lent et mesuré du hollow. Cette fois-ci, Yoake tendit l'oreille, chassant mentalement les cris du hollow pour se concentrer sur la voix de l'humain... Il s'immobilisa à ce qui lui semblait de là où elle était à à peine quelques centimètres du hollow, pratiquement collé à lui. Son bras sembla prendre plus d'importance, augmentant son volume alors que de nouveau, le majordome prit la parole... Hm. Elle n'entendait pas exactement ce qu'il disait, mais la sonorité de la langue lui faisait penser à de l'allemand ou à une autre langue germanique, assez gutturale en réalité. Cela pouvait correspondre avec l'origine de son nom. Ouvrant la paume, il envoya d'un coup le pauvre gillian au tapis et il fut encore agité de quelques soubresauts avant de s'immobiliser et d'être dispersé dans le vent.

Se dépoussiérant en bon gentleman qu'il était, ValkenHayn revint près de l'assassin, un grand sourire aux lèvre et les bras croisés dans le dos. Il était étrange de constater à quel point un combat pouvait changer un homme. Le majordome avait l'air plus jeune, plus vigoureux, comme s'il venait de se battre pour la première fois depuis longtemps... C'était assez plaisant à voir d'ailleurs. Il semblait rayonner d'une seconde jeunesse, auréolé par l'éclat blafard de la Lune. Elle détailla une nouvelle fois ses traits, plus détendu, plus confiant. L'impression de force tranquille qu'elle avait ressentit à son approche venait de trouver sa justification. L'homme ne respirait pas seulement la puissance... il l'était réellement. Ses yeux semblaient s'être consumés et brillaient d'une belle lueur orangé, comme deux braises rougeoyantes... qui vinrent directement se planter dans le regard de glace de la vizarde. Étrange contraste. Elle lui rendit calmement son regard, la même lueur amusa vacillant tranquillement au fond de ses yeux alors que leurs jumeaux oscillaient entre eux et l'endroit où le hollow agonisait quelques instants plus tôt. L'aura de l'humain semblait également hésiter entre l'homme ou l'animal... bien qu'il n'avait visiblement pas envi de revenir sous sa forme lupine.

ValkenHayn : « Je suis un peu triste pour ces pauvres bougres, leur sort n'est vraiment pas ce que l'on pourrait qualifier d'enviable. Enfin, nous n'y pouvons vraiment pas grand chose. Désirez vous continuer là où nous nous en étions arrêter dame Yoake ? Peut-être devrions nous trouver un lieu plus approprié dans ce cas ? »

Yoake eut un léger rire et, l'énergie du majordome semblant communicative, elle fut prise d'une impulsion et supprima la distance de courtoisie séparant les deux êtres. Venant se poser délicatement contre le torse de l'homme, sa main entre la base de son cou et son épaule, elle planta son regard joueur dans le sien, ses lèvres tordues en un petit sourire provocateur :

Yoake : « Eh bien eh bien, Seigneur ValkenHayn, vous ne cessez de me surprendre... J'espère qu'il me reste d'autres secrets à découvrir... »

Puis, lentement, elle se détacha de l'homme et revint à sa position initiale qui était on ne peut plus respectable. En réalité, elle voulait surtout voir sa réaction... Ce n'était pas un test loin de là, juste une espèce d'essai. Son hollow interne, qui s'était tenu tranquille jusque là, commença à se manifester au fond de son esprit et lui siffla quelques commentaires au creux de son âme. Un nouveau sourire naquit sur les lèvres de Yoake alors qu'elle regardait l'endroit où le hollow avait disparu.

Yoake : « C'était très impressionnant. Cependant ne les plaignez pas trop... Je vous assure que leur vie n'est pas si horrible que l'on pourrait l'imaginer. »

Sa voix avait pris de légère intonations plus tristes sur la fin de sa phrase... Sa vie de hollow. Sa bande. Sa famille. Son protégé, son père adoptif. Elle ferma les yeux et secoua la tête, comme pour chasser ses pensées de son esprit. Il ne fallait pas qu'elle réveille sa mémoire... pas celle-là en tout cas. Un frisson remonta dans son dos comme pour la rappeler à l'ordre, et son sourire qui s'était teinté de tristesse pendant une fraction de seconde revêtit son masque joueur et amusé. Elle se regarda elle-même et eut une petite moue adorable.

Yoake : « J'en serai ravie... Cependant voyez-vous, j'ai bien peur que vous soyez le seul ici à pouvoir me voir sous cette forme. Aussi, il me semble préférable de... »

Elle fut interrompue dans sa phrase par un bruit de moto qu'elle connaissait bien. Soupirant légèrement, elle tourna la tête vers son Mod Soul se baladant dans son gigai, revenant visiblement de l'hôtel... ou de chez elle, remarque. Légèrement réprobatrice, elle s'apprêtait à lui dire quelque chose quand le Mod Soul expliqua simplement qu'il avait senti l'énergie spirituelle du hollow disparaître et donc qu'il serait préférable qu'il ramène le gigai à son propriétaire. Tout en parlant, il avait sortit autre chose de l'intérieur du siège... un deuxième casque. Qu'il était prévenant ce Mod Soul quand même... Soupirant mais ne pouvant rien dire car au fond, il avait bien agi, Yoake se contenta de remercier son double qui attendit sagement sur l'engin. Avec un sourire, la forme spirituelle de Yoake se tourna de nouveau vers le Majordome.

Yoake : « Je crois que le problème est résolu finalement... Et je me ferai une joie de poursuivre cette discussion. Souhaitez-vous que je vous raccompagne à votre hôtel ? Ou puis-je vous inviter boire quelque chose chez moi, nous y serons plus à l'aise pour discuter. »