Le jour s'était levé depuis maintenant plusieurs heures. Installé contre l'un des pans de ses quartiers, il observait le ciel nuageux. De légers nuages blancs, vaguant à leur occupation qui se résumait à se déplacer lentement mais surement, portés par le souffle du vent. Un spectacle qui semblait ennuyeux pour beaucoup mais qui passait étrangement le temps. Observer le ciel était bien moins ennuyant et lent que de ce que l'on pouvait pensé, il en avait d'ailleurs fait l'expérience par bien des fois. Combien de temps s'était-il déroulé entre le moment où il s'était assis et où il sortait de sa torpeur ? Il n'en avait aucune idée et cela ne semblait avoir d'importance. Le plus important, vraisemblablement, était ce qui allait suivre. Cette journée ne faisait que commencer et le shinigami n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait faire de cette même journée. Bien qu'habituellement le Dieu de la mort s'occupait dans ses interminables recherches au sein du Sereitei ou du Rukongai, aujourd'hui était une exception. Enfin, une exception était un bien grand mot. Pour dire ce qui était, aujourd'hui était l'un de ses jours où le shinigami resterait dans la division à attendre patiemment, faisant ainsi preuve de présence et assumer ces quelques responsabilités, si tenté il y en avait.

Se levant finalement, il sentit ses muscles tressaillirent un instant, ankylosés, il lui fallut quelques instants pour s'étirer et retrouver toute sa mobilité sans risquer une crampe, une déchirure ou quoique ce soit d'autre qu'il n'aimait guère. Hésitant un instant, il ne sut réellement vers où il pourrait se diriger. À vrai dire, il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était ni même de ce qu'il ferait aujourd'hui. Soupirant un instant, il finit par prendre une direction au hasard, ne sachant pas vraiment pourquoi il irait par là. La division était plutôt calme, comme à son entière d'habitude, aussi était-il dur de trouver de quoi s'occuper, enfin, mis à part lorsqu'il fallait jouer les coursiers ou les messagers. Un travail rudement bien dirigé et mené par cette division qui, au contraire de bien d'autre, savait se tenir ou travailler efficacement. Enfin, la course aux divisons n'étaient pas une priorité et il valait mieux s'occuper de soi que du reste, non ?

Ce fut lors d'une marche lente et aléatoire au sein de la cinquième division que le shinigami fut arrêté par un autre membre de cette même division. Lui indiquant qu'il fallait qu'il s'occupe de porter un message. Un message destiné à la capitaine de la deuxième division, Soi Fon de sa dénomination. Un message provenant du capitaine de la douzième. Quel était le contenu de ce message ? Le shinigami n'en avait pas la moindre idée et cela resterait ainsi. Néanmoins, s'il dut accepté cette charge ou mission comme certaines personnes aimaient l'appeler, le Dieu de la mort se demandait pourquoi communiquer ainsi alors que les papillons messagers étaient là pour ça. Enfin, ne pas se poser de question était le meilleur moyen de ne pas perdre du temps, surtout dans une situation comme celle-là où même une réponse correcte ne le serait pas aux yeux du shinigami qui n'avait guère l'envie de courir après un capitaine pour apporter ce message. Enfin, courir après un capitaine était probablement une exagération, après tout, un capitaine était censé rester dans ses quartiers non ? C'était bien beau de rêver ...

Si le shinigami de la cinquième division s'était rapidement dirigé vers les quartiers de la deuxième division, spécialisée dans les missions d'espionnage, d'assassinat et de tout ce qui demandait un peu de patience, il avait eu la malchance de ne pouvoir croiser la capitaine de ces lieux. D'après ce que disait ses subordonnées, la capitaine s'était absentée, où ? Là était toute la question et personne ne semblait avoir la réponse. Pas ces gardes à moitié encapuchonné en tout cas. Ne réprimant pas l'un de ses fameux soupirs, le shinigami se contenta de les remercier avant de chercher dans les alentours, peut-être que ... Autrement, il n'aurait guère de choix, soit il retournerait à la cinquième division et expliquerait les faits, soit il irait dans les seuls endroits où pouvaient se rendre un capitaine. Enfin ... Une affaire plus difficile à faire qu'à énoncer. Par l'un des miracles les plus hasardeux, le shinigami trouva une personne qui put lui indiquer où était parti la capitaine de la seconde division. Suivant les indications qu'on lui avait donné, le Dieu de la mort fut rapidement sortit du Sereitei, se trouvant dans le Rukongai. Un endroit qu'il avait par plusieurs fois visité et connaissait suffisamment pour ne pas s'y perdre. Rapidement, il trouva celle qu'il recherchait. Silencieuse et concentrée, elle semblait s'être perdue dans des pensées qui n'appartenaient qu'à elle. Enfin, c'était ce qui pouvait être supposé au vu du peu de mouvement qu'elle faisait et de son attitude. S'approchant d'un pas normal, ne se voulant ni bruyant ou silencieux, le shinigami se contenta d'avancer, s'arrêtant finalement à quelques mètres d'elle, deux, peut-être trois pour qu'elle ne se sente pas agressée, offensée ou quoique ce soit d'autre. Prenant la parole, le ton du shinigami se voulait simple laissant de côté les intonations comme l'arrogance, la gentillesse mais ne laissant place qu'à la politesse et à la simplicité :

Capitaine, j'ai un message pour vous.

Si sa phrase pouvait laisser entendre son appartenance à la deuxième division, ce n'était simplement car le messager n'était très enthousiaste par l'idée de rajouter un nom à cela. "capitaine" était bien suffisant à ses yeux, enfin, était-ce suffisant pour le reste ? C'était une autre question dont la réponse pouvait attendre. Pour l'heure il fallait simplement attendre une réaction de la part de ce shinigami élevé au rang de capitaine au fil des années

Loin. Elle était si loin dorénavant. Et nul ne savait où la trouver. Elle était inaccessible, depuis 100 ans maintenant, elle avait quitté ma vie. Yoruichi ...
Où es-tu ? Que fais-tu depuis un siècle ? M’as-tu oublié ... ?
Tellement blessée, au plus profond de moi même. Cette boule au ventre qui ne veux pas partir, ce sentiment de trahison... Tu as comme emporté quelque chose, ce quelque chose qui m’empêche d’être comblée, avec toi. Où te caches-tu ... ? As-tu peur de revenir m’affronter ? Sâches que si tu reviens, je serais là ... Et je serais prête.

Je me réveillais en sursaut. Encore ce cauchemar ... Où je voyais des images de Yoruichi. Des images du passé qui hantent mon esprit presque toutes les nuits. Le pire, c’était que ... Je n’arrivais pas à L’oublier. Comment oublier ... La promesse qu’elle m’a faite cette nuit-là ? Comment oublier, comment elle m’a lâchement abandonné ...
Je lachais une larme de désespoir. Depuis le départ de Yoruichi, les choses avaient tellement changé. Et pourtant, mon esprit était toujours fixé sur elle. Je m'assis sur le bord de mon lit, la tête dans les mains. Tous les jours et toutes les nuits, son visage hantait ma tête. Penser à autre chose était ... Impossible. Tout simplement parce que tant que je n’aurais pas la réponse à ma question, je n’arrêterais pas d’y penser.
Je me levais d'un bond et enfonçais rageusement mon poing dans le mur de ma chambre. Un de mes hommes entra en panique.

« Taisho, vous allez bien ?
- Dégages ! »

Je lui décochais un coup de pied dans la poitrine et il fut projeté dehors. Je détestais que mes hommes se mêlent de moi, et surtout ... Qu’ils me voient pleurer. Je ne voulais pas leur montrer de signes de faiblesse. Surtout pas à mes hommes. Si un Capitaine est découragé, toute sa division est découragée. Alors il ne faut pas montrer de signes de faiblesse. Surtout pas en ce moment, où nous étions dans une aire qui n’annonçait pas de bonnes chances. Ni de bonnes retrouvailles, c’est certain.
Je fis un soupir, soupir de résignation. Se résigner à l'oublier, voilà ce dont j’étais finalement destinée à faire. Car, pleurer sur des souvenirs trop douloureux et pleurer Yoruichi, ce n’était pas une vie. Je serrais mon poing et partit de mes quartiers pour aller me balader dans le Rukongai. Là où, par exemple, j’avais l’habitude de m’entraîner seule depuis le départ de Yoruichi. Raah, et me revoilà en train de penser à elle. Je me tapais le front pour m’en empêcher. Et puis, dans un élan de rage, je passais la vitesse supérieure afin d’arriver à mon point d’arrivée au plus vite. Arrivée là-bas, et contre toute attente, je montais à la cime d’un grand chêne, qui était là depuis le dép... Ho puis zut, un grand chêne qui était là depuis longtemps, et m’assit sur une des dernières branches. Je fermais les yeux, et prenais une grande respiration. La méditation ... Cela faisait longtemps que je n’avais pas médité. Et j'en avais besoin. Je l’avais appris grâce à mes entraînements intensifs, lors de mon apprentissage dans la Deuxième Division. Car même si nous assassinons, nous devions bénéficier d’un très grand calme. Mais au bout de quelques heures, mon calme olympien fut troublé par un messager bien peu discret. Surement pas un de mes hommes, vu le bruit qu’il provoquait simplement en marchant. Je savais que je ne risquais rien, vu le Reiatsu qu’il dégageait. Je soupirais et me tourna vers l’inconnu.

« Capitaine, j’ai un message pour vous. »

Au moins, il était bref et concis. Je lui prit la lettre qu’il me tendait, et lus son contenu.

« Chère Soi Fon, Capitaine de la Deuxième Division et Dirigeante de l’Onmitsukido,

Le Capitaine Yamamoto Genryusai m’a ordonné de vous informer de l’avancée de nos recherches à propos du nouveau poison que nous développons pour rendre les assassinats de vos hommes et de vous-même plus rapides, moins disgrâcieux et plus efficaces. Ainsi, je vous invite à nous rendre visite à la Douzième Division, pour juger par vous-même l’avancée de nos recherches.

KUROTSUCHI Mayuri,
Capitaine de la Douzième Division et Dirigeant de l’Institut de Recherche et de Développement. »

Je levais les yeux au ciel. Quel hypocrite ce Mayuri ... Si Yamamoto ne lui avait pas ordonné, il aurait tout gardé pour lui oui ...
Je rangeais la lettre dans ma veste de Capitaine, puis regarda le coursier.

« Et toi, qui es-tu ? »

Je ne m’attendais pas à une réponse hors du commun, mais connaître plus de monde m’aiderai peut-être à penser à autre chose.

Le shinigami de la cinquième division, qui n'était autre qu'Abakara Yazu, troisième siège de cette division, avait donc remis la lettre à la capitaine de la deuxième division dans un silence quasi permanent, rompu une unique fois par le shinigami qui avait interpellé sa supérieure qui n'en aurait eu besoin. Aussi silencieusement que lui, si ce n'était pas plus au vu de son excellence dans l'art d'être invisible ou au moins furtif, la capitaine prit la lettre des mains du messager, l'ouvrant et la lisant alors, oubliant momentanément l'autre personne qui se trouvait présente à ce moment. Ne bronchant alors pas, Yazu savait bien qu'en tant que messager, il devait attendre patiemment, non pas pour se prendre des coups si le message n'annonçait rien de bon puisque tout le monde savait que les messagers étaient les premiers souffres douleur lorsqu'on apprenait une mauvaise nouvelle. Non, si le shinigami restait là, à ne pas bouger ni même à rajouter le moindre mot c'était uniquement dans le cas où la capitaine désirerait renvoyer un message à ce Mayuri Kurotsuchi, capitaine de la douxième division. Il était vrai qu'il n'était pas de la douzième mais il était de son devoir d'apporter la réponse si réponse il y avait, ce qui pouvait être le cas ou non.

Lorsque la capitaine qui se tenait devant lui eut fini de lire la lettre, le shinigami sut qu'il devait se tenir prêt et être attentif bien qu'il était certain qu'il n'aurait pu donner aucune réponse puisqu'il avait eu ce message sans la moindre explication, seulement l'ordre ou tout du moins, la mission. Se tenant néanmoins prêt, il attendit et fut finalement légèrement surpris de la question qui ne lui arracha pas le moindre geste malgré cette légère surprise. Il était étonnant de voir qu'une capitaine s'intéressait de prêt ou de loin à un simple messager qu'elle n'avait probablement jamais vu jusqu'à présent. Bon il était vrai qu'il était probable qu'elle veuille justement le connaitre pour ne pas dire après qu'ils ne se connaissaient pas ou qu'elle ne s'intéressait à rien d'autre que sa petite personne. Il était aussi probable qu'elle veuille connaitre son nom pour savoir sur qui elle marcherait, trouvant ce message intolérable ou révoltant ce qui rejoindrait bien l'idée du tragique destin de chaque messager.

Le premier cas comme le second n'était ni meilleur, ni pire, enfin, peut-être un peu que si, mais cela importait peu, trop peu pour être aussi longuement retourner dans les sens et y accorder trop de réflexions. Pour l'heure, il n'y avait plus qu'une chose à faire : répondre à cette question. Prenant alors une voix égale à la précédente fois, il garda ce ton calme et neutre arborant néanmoins un léger sourire :

Akabara Yazu, troisième siège de la cinquième division.

Une brève présentation mais que pouvait-il dire de plus ? Probablement rien. Elle ne lui avait demandé qu'une brève présentation, enfin, elle l'avait insinué et c'en était tout simplement logique. Et il n'avait besoin de lui retourner la question puisqu'il la connaissait déjà, au moins en tant que capitaine de la division. Après tout, qui ignorait l'identité des capitaines de la Soul Society ? Plus encore, comment Yazu pouvait-il ignorer l'identité de la plupart des capitaines alors qu'il les avait vu, de ses propres yeux, nommer capitaine ? Lui qui était au Sereitei depuis des années, comment pouvait-il seulement ignorer qui était Soi Fon et son attachement particulier pour sa prédécesseur : Yoruichi.

Faisant fi de tout cela, le shinigami de la cinquième division se dit qu'il devait néanmoins jouer son rôle de messager jusqu'au bout, devant alors savoir si elle comptait ou non donner une réponse au capitaine de la douzième même si cela ne lui plaisait guère. Après tout, il n'avait jamais vraiment apprécié le capitaine de la douzième division, enfin, il préférait l'éviter au maximum le trouvant bien trop ... fou. Reprenant donc la parole de sa voix particulière, il lui demanda :

Peut-être voulez-vous que je transmette un message à l'expéditeur de cette lettre ?

Que de périphrase pour rester poli et "à sa place", il faut bien ce qu'il faut, n'est-ce pas ?

Ce jeune Shinigami mit du temps à répondre. Quelques minutes, secondes, qui paraissaient des heures, je ne sais plus. Je le regardais avec un certain intérêt. Ce que je pouvais m’ennuyer pour regarder les inconnus avec intérêt ... A vrai dire, ces dernières années étaient un peu ennuyantes, mis à part l’arrivée des Espadas dans le monde des humains, il n’y avait pas grand chose de neuf. A part s’entraîner, aller assassiner deux ou trois criminels dans le monde des humains, c’était ... Oui, on peut le dire, c’était MORT.
Le monde des Shinigamis était dépourvu d’intérêt ces temps-ci, il était un peu un monde silencieux ou se murmuraient par-ci par-là des rumeurs, mais sans plus. Ainsi, ce Shinigami attirait mon attention. Akabara Yazu alors ? C’était un nom qui m'étais inconnu, malgré le poste qu’il occupait, je ne le connaissais pas. Etrange n’est-ce-pas ? Moi qui était là depuis SI longtemps ... Je ne l’avais pas reconnu. Jamais vu, jamais entendu parler. Mon oreille s’en souvient peut-être, mais ma mémoire me fait défaut. Il faut dire que je suis un peu ailleurs ces temps-ci. L’incident dans le monde des humains m’aurait fait espérer le retour possible de Yoruichi, mais ... En fait, non. Aucune nouvelle. Ainsi, même si j’étais ailleurs, j’écoutais toujours d’une oreille attentive si quelqu’un dégnerait prononcer son nom, ou son prénom. Le clan Shihôin se faisait discret depuis un siècle, c’était à leur habitude. Plutôt pour essuyer les erreurs de leur descendante, ou bien par intimité ? Nul le sait. Il est vrai que je ne connaissais aucun de ses membres, mis à part Yoruichi, et son père que j’entraperçus un jour, il y a bien longtemps. Donc ... Pas de nouvelles, bonne nouvelle, c’est ce qu’on dit non ? Et bien, je me dis la même chose. Il ne me demanda pas mon nom, et en même temps, s’il l’aurait fait, j’aurais été un peu vexée, après tout, tout le monde me connait non ?

Donc, revenons à nos moutons, ou plutôt à ce mou... Heu ... Shinigami, qui venait si gentiment m’apporter la lettre que ce ... Cher ... Mayuri... M’avait envoyée. Une coursive hors du commun venant de sa part. Le jeune coursier me demanda si je voulais répondre à ce mot. Je soupirais, baissais la tête, songeante. Que pouvais-je donc répondre à ça ...

« Et bien ... Répondez-lui que je me ferais un plaisir de venir voir ce nouveau ... Poison, dès que j’en aurais le temps. »

Voilà, une lettre bourrée d’hypocrisie made in Soi Fon, destination Mayuri, ce scientifique fou et si ... Mystérieux.
Mais une question me vint à l’esprit :

« Dites ... Pourquoi ce n’est pas un Papillon qui me l’a envoyé, ce message ? »

C’est vrai, une question qui paraît anodine, mais ... C’était tout de même étrange, et je voulais en avoir le coeur net.

Présenté et prêt à prendre une réponse pour finir cette pseudo mission, Yazu fut un peu surpris d'entendre la capitaine lui poser une nouvelle question. Bon, elle lui avait répondu, donnant apparemment une réponse rapide et orale. Un détail que n'aimait pas le shinigami de la cinquième division. Pourquoi ? Parce que si de base un messager pouvait être le souffre douleur d'un destinataire mécontent lorsqu'il lisait une lettre d'un ami ou d'une connaissance, il ne fallait pas espérer sortir vivant d'un message oral à un destinataire de mauvaise humeur. Enfin, le "jeune" homme devait s'y faire et se préparer à aller porter la réponse de la capitaine de la deuxième division à celui de la douzième même si cela semblait une étrange d'avoir une réponse à donner à un capitaine qui n'avait probablement plus cette lettre en tête. Enfin, beaucoup de chose était étrange à la Soul Society, plus encore au Sereitei, tout dépendrait seulement de la vision des choses qu'on avait et du point de vue qu'on pouvait adopter. Rien de plus.

Pour l'heure, le troisième siège de la cinquième division se contenta d'assimiler la réponse de Soi Fon afin de pouvoir la répéter au capitaine Kurotsuchi mot pour mot et ne pas donner une réponse approximative ou pas très claire, ne traduisant que la moitié de la réponse originelle. Il fallait cependant se pencher sur la question qu'elle lui avait également posé. Oui, c'était une question toute bête mais pourtant plus que bien trouvée et légitime. Il ne fallait pas des heures et des heures à Yazu pour savoir qu'il n'en savait strictement rien. Il s'était lui même posé la question mais n'avait trouvé de réponse. Peut-être les Papillons étaient en grève, peut-être le capitaine Kurotsuchi n'était-il pas un utilisateur de Papillons de l'Enfer, peut-être préférait-il utiliser des shinigamis qu'il comparait à des pions. Il y avait bien des possibilités et le troisième siège n'était guère désireux de toutes les trouver. Se détendant un peu, il répondit alors, d'une voix toujours aussi calme mais qui laissait entendre son ignorance ou tout du moins son opinion sur cette question et sa réponse qu'il ignorait.

Et bien ... Je ne le sais pas, on m'a juste confié cette lettre que je devais vous remettre.

Bien que le shinigami de la cinquième division s'était dit qu'il ne se poserait pas d'interrogation supplémentaire à cette question, il ne put s'empêcher de se demander pourquoi le capitaine de la douzième division n'avait pas fait parvenir cela via un Papillon. Ce fut face à cette question que Yazu se demanda une nouvelle chose : cette lettre est-elle vraie ? La véracité de la lettre pouvait être inexistante de par le simple fait d'une blague ou d'un coup visant Yazu. Oui, c'était un peu porté sur la paranoïa mais c'était bien possible. Après tout, il existait de tout en ce monde, même des shinigamis capables de piéger un supérieur pour prendre sa place. Oui, un complot, le summum de la paranoïa. Un shinigami de la douzième jouant aux espions donnant alors une information à un ami de la cinquième division placé en bas de l'échelle hiérarchique qui vise au moins le troisième siège. Quel meilleur moyen que de se l'approprier que de faire rabaisser le présent troisième siège en l'entrainant dans un plan où il aurait commis bien des erreurs. Une erreur comme donné à un capitaine une information qu'il ne fallait pas donner, rétrograder par le capitaine de la douzième qui l'accuserait d'espionnage dans le pire des cas, allant d'ailleurs bien plus loin que la rétrogradation. Oui, c'était un plan possible même si la paranoïa pour l'avoir pensé était bien présente. Mais Yazu de son vivant avait connu bien pire, un peu de méfiance ne lui faisait pas de mal.

Enfin, il fallait sortir de cet état et ne pas sembler comme absent au capitaine. Cette idée était certes plausibles mais non pas encore vérifiée. Pour l'heure, le shinigami de la cinquième division n'avait qu'une chose à faire : partir ou continuer la discussion. Bien que partir semblait une bonne idée, Yazu opta pour la seconde option. Pourquoi ? Il n'en savait trop rien, peut-être pour se faire connaitre de la capitaine qui lui faisait face et avoir de plus grande chance de s'en sortir si sa méfiance se trouvait être vrai. Prenant alors la parole, il passa non pas à une question mais à des suppositions, essayant alors de trouver réponse à la question de Soi Fon.

Peut-être le capitaine Kurotsuchi n'a-t-il pas usage des Papillons pour faire parvenir un message. Je sais simplement qu'on m'a confié ce message et demandé de vous le remettre.

Ainsi, au moins une personne autre que lui et le coupable serait au courant des évènements, une chance, enfin, si sa méfiance se révélait être exact, ce qui n'était probablement pas le cas, enfin, c'est ce qu'il espérait.

Je n’avais pas l’habitude de provoquer de simples shinigamis en duel. Mais la vie au Rukongai était tellement pesante que ... J’avais bien envie de lui montrer de quel bois je me chauffe. De me défouler, voilà ce dont j’avais besoin, mais il ne fallait pas le tuer. Non, parlons d’entraînement ? Allez, un petit « entraînement » avec un shinigami de la 5e, juste pour pouvoir aller narguer Aizen et Gin, en leur disant que les shinigamis de leur division n’étaient vraiment plus ce qu’ils étaient. Oui ... Pourquoi pas. Mais ça serait peut-être de la perte de temps, il n’était peut-être pas si fort qu’il en avait l’air, ou bien était-il très fort ... Pour le savoir, une seule solution s’offrait alors à moi.

« Dis moi ... Yazu. Es-tu fort ? »

Dis-je en le regardant avec d’un sourire narquois. Après tout, il allait sûrement dire « oui ». Quel Shinigami avouerait qu’il est nul ? Sûrement Omaeda ... Non, Omaeda n’était qu’un gros lard égoïste qui se prenait pour meilleur qu’il n’est. Tss ... Quel idiot. Et dire que c’est mon fukutaisho ... Parfois ... Non, souvent, j’en ai honte. Mais bon, trèves de pensées futiles à propos de mon baka de vice capitaine, et parlons de ce Yazu. Aux premiers abords, il avait l’air ... Sinistre. Un sinistre shinigami donc, doublé d’un nabot. Génial ... Me voilà en train de défier les nabots du Seireitei. Non mais qu’est-ce-que je deviens ... Franchement je suis décevante. Oui, moi, Soi Fon, je suis décevante. En même temps ... Je m’ennuie assez pour pouvoir me le permettre. Il y avait combien de temps que je ne m’étais pas entraînée contre un shinigami d’une autre division que la seconde ? ... Un paquet d’années, il c'est certain.

« Parce que ... J’aimais bien te défier - un simple défi amical ne t’en fait pas - mais juste pour ... M’amuser, me divertir ? »

Oui, divertis moi, petit clown ... Essayes donc de me battre. Ha, ça promettait d’être drôle, c’est évident. Cependant ... J’avais tout de même un drôle de pressentiment. Comme si ce gamin ... Allait m’impressionner, finalement.
Peu de shinigamis m’avaient déjà impressionné. Il y en avait eu, certes, mais tellement peu. Pour commencer, Yoruichi, bien évidemment. Une telle puissance enfouie dans une princesse ... C’était incroyable pour moi à l’époque. Il y avait bien sûr Yamamoto, lui, il est vraiment puissant. Pour ma part, il est le plus puissant des shinigamis vivants. Byakuya m’impressionnait aussi. Il est si calme, si sérieux. On ne croirait pas qu'il est aussi fort. Shunsui et Jushiro est aussi très impressionnants. En même temps lorsque l’on possède un zanpakuto qui se dédouble, il y a de quoi être impressionnant. Kenpachi est aussi assez fort, je dois le reconnaître. Toshiro est le seul nabot que je respecte, car sa puissance lui vaut son respect. Pour les autres ... Et bien, je les trouve « normaux ». Et ce n’est pas une insulte, mais certains doivent faire des progrès.
Alors ... J’allais voir comment Yazu était, et le juger par la suite, sans l’offenser, bien sûr ... Ce n’est pas mon genre.

Alors qu'il s'apprêtait à tourner les talons, ne trouvant pas plus de mot à dire à la capitaine qui lui faisait face, il dut se résigner à attendre un instant de plus ne serait que pour l'écouter. En effet, il semblait que son interlocutrice ne soit pas consentante à le laisser partir aussi vite. L'ennui devait la gagner et de toute évidence, elle trainerait ce shinigami avec elle, ou bien pour qu'il s'ennuie avec elle ou bien pour qu'il l'occupe, d'une quelconque manière. Même si cette manière était on ne peut plus claire. Que pouvaient faire un capitaine et un shinigami de deux divisions différentes ? Une multitude de chose n'est-ce pas ? Pas autant qu'on aurait aimé le croire. Il se trouvait, à la question que lui posa Soi, que les deux shinigamis allaient combattre enfin, c'est ce que compris Yazu. Une telle question ne se posait pas comme ça, sans suite directement liée. Demandait-on à quelqu'un s'il avait faim pour ensuite passer à autre chose ? Pas en général.

Gardant le silence face à cette première question, il se perdit un bref instant dans cette pensée qu'était la réponse. Était-il fort ? Peut-être, peut-être pas. Il ne se prétendait pas être le meilleur, ni être capable de soulever des montagnes d'un tour de bras. Il savait que même si les sièges au sein d'une division était un indicatif de la force et de l'expérience de chacun, cela ne reflétait pas toujours la vérité. Enfin, ce n'était que de rare cas. Des pensées tourbillonnant dans son esprit concernant cette question et les souvenirs s'y étant rattachés, il écouta silencieusement la nouvelle prise de parole de la capitaine qui se dressait devant lui. Sans surprise, le shinigami de la cinquième division avait vu juste. Elle voulait le défier. Pour s'amuser et se divertir. Cela se voyait bien qu'elle était confiante et assurée de sa supériorité et à vrai dire, le troisième siège ne pouvait la contredire. De ce qu'il savait, il ne fallait même pas penser à pouvoir rivaliser face à un capitaine, quel qu'il soit. Plus encore, dans le cas présent, Soi et lui avait une attitude de combat différente. Si son style était basique et porté sur sa maitrise de son arme, la capitaine, elle, utilisait ce qu'on lui avait appris, le corps à corps, mêlant vitesse, agilité et arts martiaux. En somme, deux styles de combat presque opposés qui, dans un combat à mort, laisseraient les deux adversaires dans un état déplorable.

Regardant son interlocutrice, interloqué et surpris de cette proposition, il savait que dans un combat, le moindre petit détail pouvait faire la différence. Entre retournement de situation et espoir vain, il n'y avait qu'une légère différence. Un peu d'optimisme et ce que l'on voulait comme esprit de victoire se transformait en un espoir futile qui menait, tête la première, à mordre la poussière. Que devait-il répondre ? À cet instant là, il n'avait aucune idée. Un combat même amical contre une capitaine ne lui disait strictement rien, mais pouvait-il seulement refuser ? Son premier combat se déroulait à présent. Le combat de faire prendre conscience à son interlocutrice de toute la gravité d'un combat, même amical. Non pas qu'il devait lui faire un cours mais un dicton existant depuis des millénaires prenait tout son sens : gagner un combat c'est l'éviter. Enfin, dans le cas présent, il semblait difficile de raisonner cette personne. Retenant un rapide soupire, il se contenta de répondre, d'une voix trahissant sa légère surprise :

Un combat ? Entre vous et moi ? L'issue ne fait aucun doute non ?

Peut-être cela suffirait-il à convaincre la capitaine de ne pas combattre. Il n'en savait rien. Peut-être que cela ternirait l'image de la cinquième division, qu'elle irait jusqu'à les traiter de mauviettes, de lâches et de couards. Bien qu'il savait que cela ne changerait en rien aux vues des tensions entre les divisions, il ne pouvait, néanmoins, pas laisser cela se produire, même si pour cela il devrait repartir sur une civière et séjourner dans la quatrième division pendant quelques temps. Enfin, il ne l'espérait pas. La tête retournant toute cette histoire encore et encore, il finit par s'y résigner, quel autre choix y avait-il ? Soupirant un bref instant, il porta mécaniquement la main sur la garde de son zanpakutoh, il rajouta, d'un ton laissant entrevoir cette certaine résignation :

Mais j'imagine que je n'ai pas le choix.

Se tenant prêt, il resta néanmoins en lui, un espoir, l'espoir qu'elle plaisante et que cette proposition de combat ne soit qu'une blague, même si la capitaine de la deuxième division n'était pas réputée pour ses blagues ...

Lui qui avait espéré que cette proposition ne soit qu'une blague, Yazu sentit comme un sentiment étrange. Il semblait ... déçu. Oui, c'était cela. Pourquoi ce sentiment ? Probablement parce que dans un coin de son esprit, il se sentait comme honoré d'être la personne que défiait un capitaine, même si ce n'était que pour passer le temps. Maintenant qu'elle avait tourné les talons pour se diriger vers le Sereitei, il se sentait départagé en deux idées. La première voulait accepter le combat, la seconde voulait la laisser partir confirmant l'idée d'un refus de combat. Un cruel dilemme non ? Accepter et être pratiquement sur de mordre la poussière allant faire un tour à la quatrième division. Refuser et s'attirer le mépris d'un capitaine si ce n'est par la suite une réputation de lâche au sein même de la cinquième division, ou même du Gotei 13. Si pour lui être traité de lâche n'était pas la plus grande humiliation puisque il savait faire preuve d'abnégation, il avait peur en revanche que ce soit toute sa division qui soit traitée ainsi. Faire payer toute sa division pour un acte qu'il avait décidé seul ? Il ne pourrait probablement jamais se le pardonner. Ainsi le dilemme était tout entier.

Regardant le dos de la capitaine, il réfléchissait encore, à toute vitesse. Si savoir qu'il perdrait à coup sur était un argument de poids, il se disait qu'il avait déjà connu la défaite et n'en était pas mort, enfin si, une seule fois. Une seule fois en toute une vie. Mais dans le cas présent la défaite ne le tuerait pas, non, la capitaine saurait probablement se retenir, enfin, il l'espérait. Oui, il l'espérait car il s'était décidé. L'argument qui avait déterminé son choix était cette idée d'affronter les meilleurs pour devenir plus fort encore. En affrontant plus fort que soi, on pouvait toujours gagner plus d'expérience et de savoir en terme de combat. Peut-être qu'il pourrait en tirer quelque chose d'important.

Sa décision prise, il n'y avait plus qu'une chose à faire, entamer ce combat. Sachant que sa future adversaire avait le dos tourné, il aurait été facile de se dire que la chance était de son côté grâce à ce léger avantage. Néanmoins, le troisième siège de la division savait que ce n'était parce que son adversaire venait de derrière qu'elle ne le sentirait pas, non, on ne devenait pas capitaine sans savoir réagir face à une attaque venue de derrière. Plus encore et c'était probablement plus important encore que le fait précédent : le shinigami n'était pas du genre à attaquer en traitre. Non, si ce combat se déroulait, ce serait à la manière d'un duel. Un duel où l'honneur et le respect de l'adversaire était les premières règles. Après tout, c'était ainsi qu'avait été formé Yazu et ce depuis maintenant bien des siècles, pourquoi changer aujourd'hui ? Sa main restant sur la garde de son zanpakutoh, il se décida à prendre la parole, interpellant la capitaine devant lui qui serait son adversaire. Parlant d'une voix forte et sure, il prononça ce qu'il avait en tête ou du moins, ce qu'il avait choisi comme étant une réponse :

Attendez. J'accepte ce défi. Je serais même honoré de vous défier.

Ces propos pouvaient paraitre flatteurs et même "lèche-bottes" comme diraient certaines personnes. Mais ce n'était que la vérité même si ce n'était qu'une vérité faite à partir de réflexions encore branlantes et fragiles. Enfin, pour l'heure, le shinigami attendait la réaction de sa probable adversaire tout en plaçant, intérieurement, un plan d'action. La première idée était bien sur de réagir en fonction des actes de son adversaire. La première question était de choisir la riposte ou l'attaque. Corps à corps ou bien Kido ? Enfin, la première chose qu'il gardait en tête était que pour tout combat, les statistiques, les grades et tout le reste ne pouvait rien dire. La force d'un guerrier se jugeait selon son attitude face à chaque situation. Rien n'était joué en début de combat. Croire en soi, une belle chose, si on la modérait, qui pouvait nous permettre d'arracher une victoire. Enfin, il était de mieux de penser ainsi que de combattre en sachant qu'on perdrait, n'est-ce pas ?

Ha, il avait enfin décidé, le petit, à offrir une réponse à la capitaine. Il était temps. Mais encore une fois, Soi Fon avait envie de faire sa garce. Il l’avait fait attendre, c’était déjà un manque de respect envers un capitaine du grade de la ni ban tai taisho, si en plus il décidait de la situation ... Soi soupirait intérieurement. Alors il voulait se battre ? Etait-il sûr de cela ? S’il le disait, c’était que oui. Mais il était sûrement inconscient. Ou alors il pensait qu’il ferait plaisir à la capitaine de la deuxième. A quoi bon ? Les shinigamis n’avaient plus aucune notion de l’honneur, du respect ... Tout ça n’était plus enseigné, du moins c'était ce que pensait Soi. Mais après tout, qu’est-ce-qu’elle perdait à le battre ? Rien, puisqu’elle n’allait pas perdre ! Haha, c’était trop drôle, la capitaine riait intérieurement.
Voulant rendre la monnaie de sa pièce à Yazu, elle ne se retourna même pas, contenta de s’arrêter afin de mettre un léger coup de pression au garçon. Puis, sans aucun mot, elle leva son avant bras droit, qui formait un angle droit avec le reste de son bras. Elle déplia sa main, et lui fit signe de se ramener, de lui montrer de quel bois il se chauffait.
Après cela, elle rabaissa sa main et repris sa marche, à un rythme pas pressé, comme si elle ne risquait rien. Aucune provocation ne devait être pire pour un shinigami, que son ennemi ne lui fasse même pas face, et qu’il l’ignore royalement.
Et là, elle jubilait. Elle se demandait bien si le petit allait s’approcher en courant, énervé, ou bien s’il allait se mettre à pleurer. Qu’importe l’issue de tout ceci, Soi sentait qu’elle allait bien s’amuser. Elle allait même en rire ! Et lui en pleurer ... C’est ce qu’aimait la taisho, rire du malheur des autres. Une vraie peste, oui, mais c’est ainsi qu’elle était.
Donc Soi continuait son petit chemin, l’oreille attentive à ce qui se passait derrière elle, mais tout à fait calme et sereine. Elle ne risquait rien, sauf si Yazu avait une puissance cachée très profondément, ce qui aurait étonné la shinigami. Qu’importe, elle avait hâte. Hâte de voir comment il se débrouillait. S’il se vexait, ou s’il pleurerait, elle serait déçue, et elle en ferait baver aux gens de sa division.
Dans tous les cas, la partie était engagée, les pions étaient en place. A lui de voir s’il voulait se battre ou déclarer forfait, à peine le combat commencé.
Adviendra que pourra.

Si le shinigami de la cinquième division s'était enfin décidé à combattre, il voyait, qu'en revanche, son adversaire, la capitaine de la deuxième division, ne semblait pas aussi enthousiaste. Enfin, elle devait probablement ça pour un jeu, un passe temps et même un amusement. Bien qu'elle savait son adversaire prêt à la combattre, elle semblait décidée à s'amuser jusqu'au bout, prenant probablement le shinigami pour un adversaire de basse qualité qui n'était en aucun cas en danger, ou du moins, pas suffisamment pour lui faire face. En effet, elle avait continué sa route lui tournant toujours le dos attendant très certainement qu'il attaque avec ce qu'on pouvait appeler un léger effet de surprise, ce dos étant une large ouverture pour une première attaque. Néanmoins, il ne fallait pas être un fin stratège ni la lumière du siècle pour comprendre que même si ce dos était joliment offert, la personne à qui il appartenait était prête à recevoir son opposant avec une riposte tout à fait délicieuse. En somme, ce n'était qu'une provocation poussant à la faute. Cela, Yazu le savait depuis maintenant bien des années. Ouvrir une faille volontairement pour que son adversaire s'y glisse et refermer le piège, anéantissant son adversaire en un instant. Une technique que le shinigami connaissait bien, notamment du fait qu'il l'avait lui-même utilisé cette technique plus d'une fois.

Néanmoins, se retrouver face à cette situation était plus qu'ennuyante. Que pouvait-il bien faire ? Devant lui se trouvait une capitaine qui attendait une attaque de sa part. Douée en combat rapproché, il était évident qu'une attaque dorsale rapprochée était signée un aller direct pour mordre la poussière ou l'herbe de l'endroit. Enfin, il restait bien sur l'idée d'une attaque de Kido, tel qu'un Sokatsui ou un Shakkaho. Mais l'idée de l'attaquer par derrière ne lui plaisait pas vraiment, c'était son honneur, sa fierté, sa version des choses, sa façon de combattre ... Enfin, pour l'heure, il savait qu'il devrait l'oublier, au moins une fois, autrement que ferait-il ? Il attaquerait de face, usant d'un shunpo pour revenir devant elle et attaquer normalement, mais cela le fatiguerait, une fatigue qui pouvait faire toute la différence dans ce combat. Autrement dit, seul un Kido semblait envisageable.

Non enthousiaste, le shinigami se décida sur un sort de Kido, l'un des plus utilisés, le Shakkaho. Une boule d'énergie spirituelle qui explosait au contact de la cible, devenant la base du Kido en terme de combat. Se préparant, il prit une légère inspiration, se laissant finalement entrainer par l'idée d'un combat. Fermant un instant les yeux, il se concentra tandis que l'énergie spirituelle s'amassait devant sa main. Lorsque tout fut prêt, il lança sa technique après avoir prononcer son unique nom, ne lui donnant pas tout le potentiel qu'elle renfermait :

Hadō no sanjū ichi : Shakkahō.

Ses mots prononcés, la boule de reatsu partie de la main du shinigami, se dirigeant à toute vitesse vers sa cible : Soi Fon, capitaine de la deuxième division. Même si cela lui arrivait par derrière, elle le sentirait obligatoirement et réagirait, soit en l'esquivant d'un rapide mouvement tel un shunpo, soit elle le contrerait à l'aide de son trancheur d'âme, ce qui la ferait dégainer et probablement utiliser ce qui lui avait valu le surnom de la guêpe au sein du Sereitei. Concluant tour cela, le troisième siège de la cinquième division se prépara, sa main se posant sur la garde de son arme, s'apprêtant à dégainer en cas de besoin, laissant néanmoins une ouverture, sa défense se fragilisant ...

Le Kido ... Soi n’avait jamais vraiment apprécié ça. Quand elle apprenait à ses débuts dans la deuxième division, nombre de fois, elle avait détruit des pans de mur à cause d’un reiatsu mal maitrisé et une puissance trop élevée pour son niveau. Alors elle s’était entraînée pour en avoir une maîtrise parfaite, le minimum requis pour être un capitaine. Et elle l’était devenue, donc ça voulait dire qu’elle avait un bon niveau en Kido. Le Shakkaho, elle l’avait utilisé nombre de fois, mais elle avait toujours une très large préférence pour le combat au corps à corps dans lequel elle excellait, et cela lui avait valu la place de chef de l’Onmitsukido. Ce combat contre ce shinigami était un challenge pour le troisième siège, et cependant il n’avait pas froid aux yeux. Attaquer dans le dos, surtout un capitaine, était la preuve d’un certain courage dont il n’était sans aucun doute doté.
Mais avant que la boule rouge de reiatsu atteigne le dos et salisse la belle veste de capitaine de Soi Fon, cette dernière lança la dite veste en l’air, qui attérit bien posée sur une branche non loin, dégaina son zanpakuto et brisa la masse d’énergie sans même donner une quelconque vitesse dans son sabre. Il était rare que la ni ban tai taisho dégaine son zanpakuto dans sa forme originelle, le plus souvent il était en shikai, et c’est ainsi qu’elle le présentait la plupart du temps. Son bankai lui servant que trop peu à cause de la difficulté à excécuter. Et son zanpakuto sous sa forme la plus simple était trop encombrant pour assassiner et même se combattre avec suffisamment d’agilité.
Donc, la boule d’énergie vint se briser contre la lame de Suzumebachi, levée à la verticale, parallèlement au corps de Soi qui tenait bon. Le souffle de l’énergie produite par le contact entre la masse rouge et la lame souleva un nuage de poussière qui cacha pour un moment la capitaine, qui en profita pour se percher dans un arbre et passer derrière Yazu. Elle attérit derrière lui avec la légèreté d’une plume et rangea son zanpakuto, le jugeant inutile pour le moment. Attendant que le nuage se dissipe, elle prit la parole.

« Et bien, ton kido n’est pas mauvais. Mais ce n’est pas assez pour me blesser, et tu le sais. Alors j’aimerai voir ce dont est capable ton zanpakuto, si tu le permet. Et voir ton shikai voire ton bankai serait intéressant. En espérant que tu n’aies pas besoin d’en user contre moi, car je t’aurai éliminé bien assez rapidement. »

La jeune femme souria avec son sourire habituel. Puis elle regarda le shinigami, un sourcil arqué, la tête légèrement penchée sur le côté.

« Je suppose qu’on t’a déjà parlé des capacités de Suzumebachi - dit-elle en tapant le bout de ses doigts sur la garde de son zanpakuto - Mais ne t’en fait pas, je n’utiliserai pas la marque du frelon contre toi, sauf si je suis en danger de mort ... - elle haussa les épaules - Ce qui m’étonnerai fort. »

Et voilà, elle continuait à faire sa méchante. Ce n’était pas étonnant si tous les gens du Seireitei la prenaient pour une garce. Cependant ... Ce caractère cachait un mal-être profond. La peur d’être faible, la peur de perdre, et le manque d’une personne qui lui était chère ... Elle essayait tant bien que mal de rester forte et fière, de ne jamais faillir malgré la difficulté des épreuves de la vie.

« Et bien, Yazu, qu’attends-tu pour attaquer avec toute ta force ? - elle s’approcha de lui et lui murmura - Tu attends ... La mort ? »

Maintenant que le sort de Kido était lancé, on pouvait dire que le combat venait de commencer. Plus ou moins préparé psychologiquement, le troisième siège pensait pouvoir ou moins tenir quelques minutes face à son adversaire. Il ne visait pas la victoire, mais simplement à éviter la défaite. C'était une idée étrange ainsi résumée, mais dans son esprit, cela faisait toute la différence. Observant le parcours de son Shakkaho, il le vit exploser sur la lame dégainée de son adversaire qui dans un rapide mouvement avait lancé son Haori sur une branche non loin de là, voulant très certainement éviter de le salir ou même l'abîmer. Contrant l'attaque de son adversaire d'un geste rapide, la capitaine passa rapidement à la suite en bougeant une nouvelle fois, disparaissant derrière cette légère fumée provoquée par l'impact.

Ce ne fut que lorsqu'elle lui parla qu'il compris qu'elle était derrière lui. Sa cible, son adversaire ou, autrement dit, la capitaine semblait d'humeur à jouer à chat. Elle qui avait demandé un combat, elle semblait trop peu offensive pour paraitre motivée. Était-elle aussi peu décidée à combattre un troisième siège ? Plus cela continuerait ainsi et plus Yazu ne pourrait penser que cela. Elle avait rengainé son Zanpakuto et reprenait la parole pour le complimenter ? Était-ce vraiment un compliment. Dire qu'un Kido n'était pas mauvais était certes une mise à l'évidence d'un certain niveau mais sans dire qu'il était bon. C'était une phrase penchant pour le mélioratif et non le péjoratif. Mais ce n'était pas plus que ça. Non, d'après ces mots, ce compliment, si on pouvait donc appeler ça ainsi, semblait faire plus preuve d'introduction qu'autre chose. Oui, une introduction pour l'inciter à faire mieux encore en sortant son Shikai et même son Bankai. Une étrange idée que voila. Comment pouvait-elle penser qu'il ait un Bankai ? Non loin l'idée de n'en vouloir un, mais il était bien plus difficile d'en posséder un que de posséder un objet rare voire unique, pour dire.

S'il allait lui répondre, il se ravisa, gardant pour lui ces quelques pensées. Notamment le faire de lui dire qu'il n'usait pas de son Shikai qu'il n'utilisait qu'en cas d'extrême nécessité. Oui, il était l'un de ceux qui n'aimaient pas particulier l'aspect, le principe ou le caractère de leur Zanpakuto et qui gardait donc un maximum de réserve vis à vis de cela. Enfin, si le shinigami garda pour lui cela, ce ne fut que temporaire, le temps que son interlocutrice ne parle davantage, parlant à présent de son Zanpakuto si particulier. En effet, celui-ci avait pour réputation de pouvoir faire disparaitre n'importe qui après deux piqures au même endroit. Un pouvoir terrible qui se combinait superbement avec la technique au corps à corps de la capitaine. Dans le cas présent, on ne pouvait pas que d'une combinaison fatale qui avait du en faire disparaitre plus d'un. Enfin, tout ceci n'était que des propos qui lui avaient été rapporté par des rapports ou des dires de certains shinigamis. Il n'aurait, en cette occasion, probablement pas la possibilité de le voir, enfin, il ne l'espérait pas car ceci signifierait que ce combat pouvait finir par sa mort.

Ses propos continuant, elle s'arrêta enfin en lui demandant ce qu'il attendait pour attaquer avec tout ce qu'il avait. Elle finit sur une phrase étrange qui sembla exciter l'âme de son Zanpakuto. Oui, c'était ce genre de réaction que détestait le shinigami de la cinquième division. Son Zanpakuto bien trop porté sur la mort, qui s'était prétendu, en leur première rencontre, être la mort elle-même, attaché à lui par son passé qu'il avait. Restant silencieux un long moment, il se ravisa à dégainer son arme tout de suite. Peut-être devrait-il répondre ne serait-ce qu'un peu. D'une voix calme et posée il se mit à répondre, la regardant droit dans les yeux, son visage toujours aussi impassible et calme.

Ne comptez pas sur moi pour utiliser mon Shikai pour ce combat. Ce n'est qu'un entrainement après tout.

Cela pouvait paraitre léger mais qu'importe, après tout, il n'avait pas de compte à rendre même si elle était capitaine. Posant de nouveau la main sur son arme, il la dégaina d'un geste lent, le tintement métallique suivant le mouvement, se rependant dans les alentours. Sa lame à découvert, il la plaça devant lui, se mettant en garde, prêt à se défendre.

Quant à ce que j'attends, la réponse est évidente, je vous laisse deviner.

Une petite provocation ? Ça ne ferait pas de mal non ?

Le shinigami n’avait pas l’air effrayé, ni même étonné que la capitaine se trouve derrière lui. Elle n’avait jamais entendu parler de Yazu, et cela donnait un peu de mystère dans leur combat, ou plutôt, leur entraînement. Il n’avait même pas peur de se faire piquer par Suzumebachi, et pourtant, il le devrait. En effet, Soi n’avait qu’à le toucher deux petites fois au même endroit et il disparaîtrai. Juste deux fois ... Et vu sa posture, ces deux coups auraient été vites assénés et fatals. Comme d’habitude, Soi sentit que Suzumebachi frétillait à l’idée de goûter au sang d’un shinigami, si riche en énergie spirituelle. Elle voulait le tuer, elle n’aimait que ça. Si la ni ban tai taisho n’écoutait que son zanpakuto, elle aurait tué bon nombre de gens, y compris Yoruichi. Elle l’aurait traquée pour la tuer. C’est vrai qu’elle y avait pensé à plusieurs reprises, car l’ancienne capitaine de la deuxième division l’avait tellement déçue que ça n’aurait pas été une idée idiote de la tuer.

Mais la capitaine de la deuxième division n’était pas d’humeur tueuse aujourd’hui. Et comme le shinigami l’avait souligné, ce n’était qu’un entraînement.
Il n’utiliserai pas son Shikai ? Etrange ... Peut-être n’aurait-il pas envie que la taisho se moque de lui, qui sait. Beaucoup de gens avaient honte de leur Zanpakuto, d’autres de leur Kido, bref ... On avait tous des points faibles. Mais ne pas utiliser son shikai (au minimum) contre un capitaine ... C’était du suicide ! Soi Fon savait de quoi elle parlait. Elle-même, assurer un combat menant jusqu’à la victoire avec son zanpakuto sous sa forme la plus banale semblait impossible.
Sa dernière petite provocation amusa la shinigami. Il attendait qu’elle frappe, oui, il n’attendait que ça. Il donnait froid dans le dos, ce garçon. Rien que le fait qu’il n’ait pas répondu à la question de la shinigami à propos de la mort était flippant. Mais Soi oublia vite ce détail et se concentra surtout sur sa réponse et sa prochaine attaque.

« Très bien, vous voulez souffrir, voyons ce que vous avez dans le ventre. »

La jeune femme recula de quelques pas, lentement. Il avait dégainé son zanpakuto, lentement, trop lentement pour être le signal d’un quelconque danger. La capitaine en profita pour sauter assez haut, après avoir pris appui sur le sol pour lui donner un élan suffisant pour se rapprocher de sa cible, fit un tour sur elle même et donna un coup de pied bien ferme sur le côté de la tête du shinigami. Elle ne vit pas ce que cela fit à Yazu, et rattérit sur ses deux pieds avec agilité.

Elle ne s’attendait pas à de gros dégâts. Après tout ce n’était qu’un high kick de ce qu’il y a de plus normal, sans utiliser de shunpo, qui ici, n'était pas nécessaire. S’il était au sol, elle arrêterai l’entraînement. A quoi bon continuer à quelqu’un qui ne résiste même pas à une attaque au corps à corps ? Elle espérait au fond qu'il ne le soit pas, car cet entraînement promettait d’être intéressant ...

La petite provocation lancée, il ne restait pour le troisième siège de la cinquième qu'à attendre. Si tout ce qu'il pouvait savoir venait surtout des rumeurs et des ragots qui circulaient à la Soul Society entre shinigami, Yazu savait en revanche, que personne ou presque, ne résistait à une provocation après que la sienne soit vaine. C'était ainsi qu'on pouvait appeler le coup de l'arroseur arrosé. Ainsi, le shinigami n'attendait qu'une chose : la réplique de son adversaire. Une réplique qui ne tarda pas à arriver.

En effet, elle s'était mis à lui répondre d'un air qui ne prévoyait rien de bon. Prenant alors son élan, elle s'était élancée avant de foncer sur lui par un saut qui sembla parfaitement calculé. Bien qu'il s'apprêtait à bouger pour réagir face à cet assaut, il n'en eut guère le temps. Avant même d'avoir le temps de placer son zanpakuto dans un angle défensif, son adversaire était sur lui, son pieds lancé prêt à frapper sa tête et plus particulièrement sa tempe. Le coup s'abattit et le corps du shinigami fut projeté sur quelques mètres. Si l'intégralité de son corps avait bougé tel un seul bloc sur trois ou quatre mètres, ce ne fut que parce que le shinigami avait réussi à placer son avant bras sur la trajectoire de ce pieds dangereux, parant le coup qui l'aurait probablement assommé. Sous le coup, son avant bras trembla encore quelques secondes avant de finalement s'arrêter. Sentant le sang recommencer son parcours, il avait cette étrange sensation de sentir son membre battre comme il le sentirait lorsqu'il posait sa main près de son cœur.

Regardant son adversaire qui semblait pas plus fatiguée que cela après ce coup, il se mit à hésiter. Son zanpakuto serait-il vraiment utile dans ce combat ? Trancheur de nature, il ne serait, en ce combat, qu'une source de dissuasion ou un danger qu'il fallait éviter pour ne pas être blesser. Chose qui devenait bien moins dangereuse lorsqu'on savait que la personne l'utilisant ne cherchait pas à la blesser. En somme, Yazu, était dans un handicap s'il utilisait son arme et plus encore s'il ne l'était pas. Prolongement de son bras, il maniait son arme avec habilité et dextérité. Précis et rapide, il avait fait du Zanjutsu son style de combat privilégié soutenu par quelques sorts de Kido en de rares occasions. Si son adversaire utilisait le corps à corps à l'extrême cela devenait problématique, surtout lors d'un entrainement. Son esprit en ébullition, il cogitait encore et encore, non sur de ce qu'il pouvait faire ou ne pas faire. Pouvait-il seulement penser à se battre sans son arme ? Peut-être arrêter le combat serait-il la meilleure option même cela ne faisait que commencer. Quel combattant ferait-il s'il annonçait la fin du combat aussi vite ... Lorsque la fierté qui nous animait était liée à celle de toute une division ... Quoi de plus difficile à supporter ?

Bougeant machinalement sa main tenant son zanpakuto qui entama quelques mouvements, le troisième siège se prépara à lancer un nouvel assaut. Mettant sa volonté en avant, il prépara une nouvelle tactique, prévoyant un nouvel assaut qui serait semblables à bien des attaques qu'il avait déjà employé. Si l'idée de foncer sur son adversaire en donnant un simple coup de taillade qui aurait été facilement esquivé et aurait fait l'objet d'une contre attaque où la garde du shinigami aurait été des plus minimes. En somme, une attaque aussi simpliste aurait été tout aussi utile que de rengainer son arme et ouvrir les bras pour se prendre un coup direct sans chercher à le contrer ou à l'esquiver. Néanmoins, la technique à laquelle pensait ne marcherait pas, pas cette version conventionnelle qu'il utilisait le plus souvent. Non, il devait trouver autre chose qui pourrait surprendre et se donner une chance de placer son adversaire dans une situation difficile.

Tendant la main, il utilisa à nouveau le Shakkaho le dirigeant vers la capitaine qui lui faisait face, attendant quelques secondes, il utilisa un shunpo pour se retrouver à moins d'un mètre de son adversaire et abattit sa lame. Ce qu'il espérait ? Qu'elle dégaine et pare cette attaque, intriguée par ce mouvement ou pour qu'importe autre raison. Oui, si elle faisait cela, son plan fonctionnerait. Ce plan était simple, garder sa lame contre la sienne jusqu'au moment où le Shakkaho serait sur elle. Ce qui fit bientôt le cas. Se retirant d'un nouveau shunpo, il laissa son adversaire seule face à ce Kido qui ne tarderait pas à exploser au premier contact. À la même distance que précédemment, il regarda alors son Kido continuer sa route vers Soi. Le résultat fut immédiat ...

Pas si faible que ça, le gaillard. Il était plutôt fort, sous ses airs de simple messager. N’empêche, quand vous y réfléchissez, le fait que cette rencontre se finisse par un combat était assez étrange. En effet, il y a quelques heures, Soi était assise là, paisiblement, attendant le déluge. Yazu était arrivé, en toute naïveté. Ca, c’était encore de la faute de Soi. Toujours vouloir se battre avec tout ce qui bouge dans le but de se « perfectionner » pour battre Yoruichi. Et c’était un fait, elle allait la battre. Elle avait trop travaillé pour arriver à ce résultat-là. Elle maîtrisait parfaitement le Shunko, le Shunpo était devenu pour elle indispensable ... Une professionnelle dans l’assassinat ... Si Yoruichi la voyait aujourd’hui, elle serait sûrement très impressionnée.

Mais trêve de bavardages, et concentrons nous sur le combat. Dès qu’elle pensait à Yoruichi, cela la déstabilisait. Et il ne fallait pas être déconcentré, car vu le niveau du shinigami, cela pourrait entraîner à la défaite. Perdre contre un troisième siège ... La honte. Il avait été envoyé à quelque mètres de là, et malheureusement, il avait réussi à parer le coup de Soi Fon. Cette dernière retint un juron, avant de regarder son ennemi, attendant une possible contre attaque.

Elle aurait pensé que sous la colère, Yazu lui aurait foncé dessus tel un fou à lier pour se venger de ce coup. Et bien, en plus de se défendre pas trop mal, le shinigami avait un autre atout : il était intelligent. Oui, contrairement aux préjugés, pour être un bon combattant, il faut user de ses muscles, mais aussi ... De sa tête ! On ne dirait pas comme ça, mais les shinigamis sont très tactiques. Enfin ... La plupart d’entre eux. Pour ceux de la onzième division, ça serait à vérifier.

Il lança donc un deuxième Shakkaho, peut-être en espérant que celui-là serait plus rapide que l’autre, qui sait. Soi Fon soupira, mais resta tout de même prudente. Son petit doigt lui disait qu’elle allait avoir affaire à un drôle de subterfuge. En effet, en un pas de Shunpo, le troisième siège se retrouva devant elle et tenta un coup au Zanpakuto. La capitaine para ce coup avec facilité, avec son avant bras où s’était matérialisé Suzumebachi.

Bien rapidement, la ni ban tai taisho se rendit compte de la feinte. Et le shinigami était bien vite parti. Le Shakkaho arriva à toute vitesse sur elle. Elle activa son Shunko, et la boule de feu rouge vint s’écraser contre elle. En effet, en concentrant le halo sur la zone à protéger, celui-ci agissait comme un bouclier. Après avoir fait un geste de la main pour se dépoussiérer, elle utilisa l’Utsusemi pour arriver à la hauteur du troisième siège et lui enfonça son Shikai dans le torse, à pleine vitesse, puis se recula en quelques saltos arrière, attérit en appui sur ses pieds, l’un plus éloigné que l’autre, le corps près du sol, une jambe tendue, l’autre pliée. En espérant qu’elle l’ait touché, comme ça, elle pourrait le toucher autre part, juste pour l’apeurer, histoire de lui montrer qu’en combat réel, oui, elle l’aurait tué.

... La capitaine venait de lancer ce qui semblait être sa spécialité, le Shunko. Lorsque Shakkaho s'écrasa contre cette énergie spirituelle apparaissant sous forme d'un halo blanc, le troisième siège de la cinquième division comprit qu'il n'avait pas eu plus d'effet que le premier. Pire encore, son adversaire utilisait les grands moyens, enfin, presque. Vraisemblablement, cette attaque avait fait taire la capitaine qui ne semblait plus d'humeur à parler. Ainsi, le vrai combat allait commencer, il ne restait plus qu'à espérer que l'un comme l'autre n'oublient pas qu'il ne s'agissait que d'un entrainement pour se distraire, passer le temps ou, à la limite, évaluer l'autre.

Si le shinigami n'avait pas bronché depuis son attaque, attendant patiemment la suite avec un calme aussi exaspérant qu'habituellement, sa lame pointée vers le sol prête à s'agiter en cas d'attaque, son adversaire, elle, semblait d'une tout autre humeur. Avant même que le shinigami ne puisse le comprendre ou même l'apercevoir, la capitaine de la deuxième division était déjà sur lui, enfonçant alors son shikai dans sa poitrine, le piquant ainsi de ce dard si tristement connu. La vitesse et la force furent telles que l'impact fut plus qu'important. Non plus une simple piqure mais à présent un coup, projeté sur quelques mètres à peine, il sentit sa poitrine se compresser, sa respiration se bloquant quelques secondes sous l'impact. Son visage, se crispant légèrement sous la douleur soudaine, forma une rapide grimace qui disparu après que le choc soit passé. Voyant alors son adversaire dans sa nouvelle position, prête à attaquer, Yazu ne put s'empêcher de se dire qu'elle semblait s'amuser comme un gamin découvrant un nouveau jeu facile. Se retrouvant alors partagé entre l'amusement et la curiosité de la découverte et de la nouveauté mais insatisfait du niveau de facilité et les innombrables défauts de ce jeu.

Sa poitrine l'élançant, il ne put que la regarder alors que sur ses vêtements se dessinait la marque si célèbre du shikai de la capitaine. Ainsi, le combat venait de prendre un nouveau tournant. Un coup de plus et le shinigami disparaissait à jamais sans laisser la moindre trace. Même s'il savait, ou du moins espérait, que la capitaine ne ferait cela, il sentait que son corps, instinctivement, protégerait son torse avec plus d'ardeur qu'en temps normal, laissant alors une multitude de faille dans sa garde. Aussi, le troisième siège savait que s'il ne se contrôlait pas pleinement, ce combat était perdu d'avance. La seule question qu'on pouvait se poser à présent, était de savoir comment ce combat finirait-il ? Son adversaire n'accepterait surement pas un abandon malgré ce fait ds plus logique, mais alors que ferait-elle ? Continuerait-elle jusqu'à la recouvrir de ses papillons de part et d'autre de son corps ? Pointerait-elle son dard vers ce premier sceau s'arrêtant un instant avant pour lui montrer qu'en conditions réelles il serait mort ? Il n'en savait rien et espérait trouver une réponse avant qu'il ne soit trop tard. Reprenant une position semblable à celle qu'il avait avant l'attaque, il décida de gagner ne serait-ce qu'un peu de temps, lui posant alors une question, son esprit travaillant, de son côté, à trouver une solution qui semblait enfouie sous des dizaines d'idées ne servant à rien.

Il semblerait que ce combat soit terminé, qu'en pensez-vous ?

À ses mots, il espérait qu'elle comprendrait sa logique et verrait, tout comme lui, que cette marque était le début de la fin, si ce n'était la fin tout court. Il espérait simplement qu'elle ne le prendrait pas pour un lâche ou un couard qui n'allait jamais à la fin d'un combat ou qui faisait tout pour le fuir. Non, car autrement, il n'aurait probablement pas d'autre choix. Attendant alors sa réponse, il espérait, bien que l'espoir n'avait jamais été sa meilleure alliée.

Ainsi elle avait réussi à le toucher, ainsi, elle prenait l’avantage. Fière d’elle, elle se redressa, et un sourire se dessina sur son visage d’habitude si éteint. Elle l’avait touché, certes, mais ce n’était pas non plus l’exploit du siècle. Alors qu’elle allait réattaquer, le shinigami adverse prit la parole. Il voulait déjà que ça se termine ?

« Déjà ? Vous ne vous sentez pas bien ? »

Pour le taquiner, la capitaine courut vers lui grâce au Shunpo et à sa vitesse accélérée par le Shunko et le piqua à quelques centimètres de sa blessure, plus doucement que la première fois, mais assez fort pour qu’il ait une marque.

« Maintenant, le combat est bel et bien terminé. »

Elle lui tourna le dos, s’éloigna de quelques pas rangea Suzumebachi dans son fourreau, attrapa du bout du bras sa veste qu’elle avait laissé sur la branche, d’un air nonchalant et blasé. L’enfila. Puis partit. Ainsi, c’est comme ça que se défendaient les gens de la cinquième division ? Soi Fon était déçue. Elle n’aurait pas pensé qu’il aurait si vite lâché l’affaire. La ni ban tai taisho aurait vraiment pensé qu’il se serait battu plus ardamment, mais qu’importe. Elle n’allait pas directement leur pourrir l’existence, à cette cinquième division, cependant, elle aurait aimé un combat plus difficile.

En même temps, affronter un shinigami troisième siège ... Elle s’attendait à quoi ? Mais ce Yazu ... Ne se défendait pas mal, c’est vrai, mais il manquait cruellement d’expérience. Surtout face aux attaques rapides au corps à corps.

Soit, le combat était terminé. Un combat qui ne resterait pas dans les annales, c’est sûr. Cependant, ce ne fut pas une mauvaise expérience. A refaire, plus tard, certainement ? En tout les cas, elle espérait que durant ce temps, il s’entraînerai. Elle jeta un dernier coup d’oeil au garçon, lui adressant un sourire en coin, puis s’en alla en un éclair de Shunpo.