Une étrange sensation se réveillait. S'emparant de la moindre parcelle de mon corps, je me surprenais à être empreint d'une émotion que je ne connaissais que trop bien.. Les rudesses d'une nuit sans sommeil se révélaient sans conditions aucune, une bien pire punition que n'importe quel entraînement que j'aurai pu faire subir au sommet de ma gloire. Mais qu'importe. Voilà que cette chaleur intense remonte au niveau de ma joue, mettant en évidence les quelques fourmis que je ressentais, prémices de quelques courbatures annoncées. La tête grossièrement affalée contre le bois rude de ce bureau que je voulais le meilleur au monde, les bras pendant à la verticale, comme si je n'avais été qu'un vulgaire gigaï, j'étais semblable à ce genre de personne qui pouvait vous inspirer la plus grande pitié ou mépris en une fraction de seconde. Mais que voulez-vous... quand on sert les intérêts de la plus noble cause, il n'y ai rien que l'on ne puisse sacrifier pour la gloire de la science.
Reprenant peu à peu conscience, je commençais – bien difficilement je vous l'accorde – à reprendre pleine possession de mes esprits, bien que cette notion ne me soit vraisemblablement jamais parvenue entièrement aux oreilles, toujours plongé dans une léthargie sans pareille. Sans doute un travers que j'avais su tirer à mon avantage puisque ma fois mon parcours n'avait pas été moche au final, une chose dont je me félicitais au passage. Et bien que l'on puisse dire ce que l'on veut sur la manière la plus appropriée de s'extirper des bras de Morphée, se féliciter dès le matin, il n'y a pas mieux pour annoncer une journée productive et riche en découvertes ! Oui... voilà encore l'une de mes pseudos citations de mon propre imaginaire, mais je dois bien avouer que je l'aime bien celui-là. Tiens... Qu'est-ce que cela ? Les premières lueurs du jours qui annoncent déjà qu'il est grand temps pour moi de me remettre au travail.
Et c'est ainsi que, clopi-clopant, je me rendais dans la pièce principale, ou visiblement Tsubasei semblait lui aussi manquer de sommeil. Les muscles encore engourdis, j'avais peine à mettre mes yeux en face des trous, ce qui me servait alors de chevelure, ne venant que compliquer la tâche, plus qu'elle ne l'était déjà. Je me laissais donc guider par cette odeur frivole qui réveillait en moi quelques sensations des plus agréables et dont je me délectais à chaque instant. Le thé chaud de Tsubasei-san était sans nul doute le meilleur qu'une âme soit en mesure de faire avec les moyens du bord. Une âme qui, comme nous tous, avait d'ailleurs incroyablement bien su s'adapter aux changements de notre temps, et évoluer au gré des nouvelles théières dernier cri. Mais parlons bien, parlons peu, parlons thé ! Cette saveur boisée, héritière d'un terroir unique au monde, retranscrivant et majesté et volupté toute la fraicheur et la chaleur d'une nature saine... Non je me pers pardonnez-moi, sans doute cette fâcheuse habitude d'apprécier cette boisson de manière un peu trop excessive.
Mais alors que je portais à mes lèvres ma première gorgée, me brûlant d'avance les lèvres et les narines, je salivais déjà de pouvoir goûter à cette nouvelle trouvaille de mon commis. Chose que j'aurai pu volontiers faire, si je n'avais pas à ce même moment renverser l'intégralité de ma tasse bouillante sur ma pauvre personne. Il y eu d'abord un silence.... très court, et puis toute la fureur qui était alors mienne, déferlant au gré des ondes sonores plus que prononcées que je dégageais quelques secondes plus tard. La cause d'un tel désarroi ? Cette pauvre Ururu qui voulant toujours bien faire, avait la manie d'allumer l'aspirateur au moment le moins opportun. Et bien... je suppose que ce n'est pas si grave que ça ! Une journée que j'avais peut-être mal évaluée à me réveillant ce matin. Une chose qui se confirmera un peu plus tard, mais nous y reviendrons en temps voulu. Je pouvais déjà observer le visage désespéré d'Hanakari qui semblait au fond de lui désolé pour la maladresse de sa collègue mais néanmoins amie – qu'il considérait plus comme une sœur qu'autre chose soit dit en passant.
- Je vous ressert Urahara-san ?
- Non je te remercie Tsubasei-san, mais d'autres projets plus importants m'attendent et j'aimerai aller prendre l'air un peu avant de m'y remettre.
Sur ces derniers mots, remis de mes émotions, bien que ma peau s'en trouve encore ébouillantée, je me relevais tant bien que mal de ma position accroupie, encore engourdit par les courbatures que j'avais prévues un peu plus tôt. Qui a dit que le corps humain que j'avais crée était parfait hum ? D'ailleurs je m'aperçois que la plupart des mes inventions, bien que révolutionnaires sur le principe, ne sont pas toutes au point, laissant derrières elles une part de travail inachevé qui me révulsais que plus haut point. Mais que voulez-vous... personne n'est parfait après tout. Me saisissant de ma fidèle Benihime, qui courbait depuis bien des années maintenant l'échine sous le poids de mon corps s'appuyant sur sa modeste personne, je me dirigeais vers l'entrée du magasin, jetant de ce fait un œil à l'étalage qui semblait visiblement ne pas avoir bougé pendant la nuit. Cela me fait d'ailleurs penser qu'il faudra que je m'attaque à l'inventaire, l'une des tâches les plus ingrates qui incombent au responsable d'une boutique.
Enfin les premiers rayons du soleil frappent de leur chaleur mon pâle visage, encore ensommeillé par une tasse de thé qui n'est parvenue à atteindre sa destination finale. Coincé dans un fond de rue qui avait tout l'air d'une impasse au premier abord, ma boutique attendrai un peu, le temps que je fasse le tout des quelques pattés de maisons et que je me recueille un instant dans le jardin public le plus proche, et sans doute le plus somptueux de toute la petite Karakura. Fort d'un bétonnage qui n'avait d'égal que la côte espagnole en cette époque de l'année, les modernités du temps avaient assaillies le traditionalisme et la beauté de quelques savoirs-faire ouvriers, détruisant avec eux de nombreux emplois et foyers. J'entame alors ma marche, contemplant les hauteurs du génie civil qui ne cessera jamais de m'étonner, me laissant aller au gré des quelques passages piétons, trottoirs et autres artifices de modernité en tout genre. Autant dire que pour un homme de science et d'invention tel que moi, chaque escapade se trouvait convertie en véritable sortie au parc d'attraction.
Une marche silencieuse en mon fort intérieur, laissant la brise matinale caresser et mettre un peu plus d'ordre dans ma chevelure de paille, lorsque.... Quelque chose que je n'avais pas prévu attira et parvint à capter toute mon attention. Un reiatsu que je ne connaissais pas. Ni trop fort, ni trop faible, il n'avait pourtant rien d'un officier. Était-seulement une shinigami ? Était-ce seulement un membre du Gotei 13 ? Sans doute une attaque de hollow de plus. Mais voilà qui était étrange, je ne sentais pas la moindre trace d'énergie spirituelle émanant d'un hollow. Non pas que mon radar soit le plus aiguisé de la Soul Society, mais je vantais de faire preuve d'un peu de distinction dans discipline, et il était clair qu'un hollow n'était pas le motif de la visite de notre nouvelle venue. J'étais curieux de nature je dois bien l'avouer, mais lorsqu'elle apparut à quelques mètres devant moi, laissant derrière elle, telle une traînée de parfum, la marque de son énergie spirituelle, je ne pu m'empêcher de m'exclamer au vu de ses courbes féminines :
- Hoya shinigami-chan !