Depuis son retour du monde réel et son affrontement face à Terumi et Kaoremas, ça n'avait pas arrêté de tourner dans son crâne. Il fallait qu'elle en apprenne plus sur les deux hommes, sur ce qu'ils avaient été. Des shinigamis comme elle, des soldats de la cour. À quelle époque en revanche elle n'en savait rien. Tout ce qu'elle possédait était leurs prénoms et le nom de leurs zanpakuto. Autant dire pas grand chose, et vu la taille des archives, cela allait lui prendre un bon moment avant de trouver ce qu'elle cherchait. Un matin aux aurores, alors que la Onzième Division dormait encore, la jeune femme se leva et prit la direction du grand bâtiment qui détenait toute la mémoire de la Soul Society.

Impossible de dire combien de temps exactement elle passa parmi les rayonnages ou devant le bureau croulant sous les épais volumes des anciennes archives, ni combien de pages elle avait tourné pour trouver ne serait-ce qu'une trace des deux hommes. Sans compter la troisième recherche qu'elle menait en plus des deux autres, bien plus personnelle celle-là. Durant sa scolarité à l'Académie, elle avait trouvé une trace de celui que Leto appelait son ombre, sans pour autant savoir de qui il s'agissait. Les registres des nobles étaient certes mieux tenus que les autres, mais ils étaient plus obscures de par les nombreux titres....Machin, Seigneur de Truc, Commandant de Bidule, Serviteur du Chose et Grand Imprécateur du Chouette... C'était redondant et parfaitement inutile, mais une simple roturière ne pouvait pas comprendre cela bien entendu. D'infimes traces en maigres indices, elle avait trouvé un semblant de réponses il y avait de cela des années, et voilà qu'elle suivait à nouveau cette piste en ce jour. L'épais registre devant elle lui révéla une piste des plus intéressantes, et en plus il semblait que l'Ombre était bien vivante et bien plus près de son ami qu'ils ne le croyaient.

La jeune femme nota rapidement sur un bout de papier ce qui l'intéressait avant de refermer l'épais volume pour revenir à sa recherche initiale. Les listes des noms de zanpakuto, volume 10. Et là, au milieu de tous ces noms, elle trouva l'un de ceux qu'elle cherchait : Burōkunhōpu – Type Astral – Kaoremas Ethohaseth – Jû Ban Tai Taisho (traître). Traître ça c'était pas nouveau, doublé d'un enfoiré et d'un débile mental congénital aussi. Mais ça elle ne pouvait décemment pas le rajouter sur la page. La jeune femme referma le registre pour s'emparer du suivant, qui contenait les zanpakuto de la lettre N à P. Elle allait commencer la longue liste des O quand une présence se fit sentir. Et pas n'importe laquelle : celle du capitaine de la Sixième Division, le noble Kuchiki Byakuya. Refermant aussitôt le tome sur le bureau dans un claquement sec, elle se leva et dissimula ses notes en dessous de tout ce qui recouvrait le pauvre bureau surchargé. Tsukane se leva et se retourna pour faire face au capitaine qui arrivait juste devant elle, puis le salua avec tout le respect qui lui était du,même si elle pensait le contraire au moins.

Bien le bonjour, Kuchiki Taisho.

La jeune releva lentement la tête et le reste du haut de son corps par la même occasion, souriant intérieurement. S'il savait qui elle était, autant s'en servir un minimum, ainsi que de l’antipathie qui restait dans les non-dits entre le taisho de la Sixième et Kenpachi-sama. Elle repoussa un peu les nombreux livres qui encombraient le bureau, en empilant certains pour donner un aspect plus ''ordonné'', prenant cependant garde à ce que ses notes restent cachées. Et la jolie feuille où étaient inscrits les divisionnaires de l'Achillée ainsi que leurs zanpakuto bien en vue, histoire que sa présence paraisse être un contrôle de routine. Tout ça dans un joli nuage de poussière, signe que les archives auraient besoin d'un bon coup de balai. Tsukane suivit des yeux le capitaine mais ne parvint pas à lire le nom du volume qu'il rangeait.

Comment forcer un tel homme à parler, ou du moins à avoir un semblant de conversation....Peut-être en insistant lourdement sur certains points, y comprit sur une rumeur qui courrait de plus en plus dans le Seireitei. Elle fit mine de tousser à cause de toute cette poussière afin de capter un minimum son attention, puis prit l'énorme volume où elle avait trouvé le nom de Kaoremas et l'ouvrit à la page où l'homme était inscrit. Juste au dessus se trouvait un divisionnaire de la Onzième, ce qui rendait sa trouvaille tout à fait justifiée.

Comment se porte Mademoiselle votre soeur?

Un pas en avant, puis un autre, pour se retrouver juste à côté de lui, du moins à peine cinquante centimètres derrière lui. Cachant un sourire, la rouquine prit une mine affectée et soucieuse, pointant du doigt la ligne concernée.

Hum...Peut-être pourriez-vous me renseigner sur un point. J'ai trouvé la mention « traître » juste à côté du nom d'une personne qui, semble-t-il, était le taisho de la Dixième Division. N'ayant connu que Hitsugaya Taisho à cette place, je voulais savoir si vous connaissiez cet homme...Et ce que signifiait ce « traître »....Si cela ne vous dérange pas bien sur...

Pouah il lui manquait plus que l'auréole au dessus de sa masse capillaire rouge et elle pouvait concourir au prix de Miss Innocence Seireitei. Et un petit battement de cils pour accentuer le côté ''je suis perdue, aide moi'' s'il vous plaît. L'Oscar n'était pas loin, ou un Grammy au moins. Revenons néanmoins à la scène actuelle. Tsukane tendit devant elle l'épais registre, son index montrant ladite ligne incriminée tout en laissant en évidence le nom de son co-divisionnaire afin que Byakuya le voit. Kaoremas....Cet enfoiré lui en devait une pour le coup, mais elle lui ferait payer ça un peu plus tard. Se mesurer au second iceberg de la Soul Society après le mini-taisho n'était franchement pas dans les activités favorites de la jeune femme, qui préférait largement un bon affrontement bien physique à un duel verbal où chaque mot devait être pesé et analysé avec soin. Mais en cela, Leto l'avait beaucoup aidé... et elle l'en remerciait à sa façon.

Plus aimable tu meurs...Mais imaginer Kao en déserteur en revanche, ça collait complètement. Donc ceux portant la mention « traître » dans les registres étaient des déserteurs, et son intuition lui dit qu'elle trouverait certainement la même mention à côté du nom de Terumi. Elle avait donc combattu deux de ces traîtres, dont le sus-mentionné à deux reprises. Et avait survécu...sans se lancer des fleurs, c'était un exploit qui devrait lui mériter une petite augmentation dans une division normale, mais à la Onzième ça ne marchait pas comme ça, heureusement d'ailleurs. Si Kenpachi-sama était content d'eux, c'était le principal. Si Madarame-sama lui adressait ne serait-ce qu'un ''bien joué'' elle aurait largement gagné sa journée.

Le capitaine s'apprêtait à partir quand....ce fut le drame ! Une énorme pile de vieux livres tous plus poussiéreux les uns que les autres s'effondrèrent de leur rayonnage dans un nuage de poussière et le bruit tonitruant qui allait avec. Évidement, dans une bibliothèque silencieuse, le moindre bruit prends des ampleurs assez conséquentes,là ça tenait presque du tremblement de terre. Le taisho lui demandait de l'aider...Enfin demander...c'était plutôt un ordre formulé un peu près poliment, toujours est-il que Tsukane n'avait pas vraiment le choix. Si elle refusait, il y avait fort à parier qu'elle terminerait en carpaccio dans un futur très proche, le tout justifié par un bon ''refus d'obéir à un ordre direct''. Docilement, elle s'agenouilla donc au sol pour récupérer les papiers éparpillés, certains bien plus vieux qu'elle, voir que ses parents.

Et c'est à ce moment précis que son cerveau fit une étrange connexion. Tant de papiers... Il aurait été dommage de ne pas en profiter ! D'un tour de passe-passe, elle remplaça la feuille qu'elle tenait par celle se trouvant toujours sur elle, parlant d'un fameux « service rendu à la famille Yongil » peu après le sauvetage de Leto. Il lui suffisait de parcourir en diagonale le document et de feindre un léger étonnement...Trop facile décidément !La jeune femme lui montra le document, le tenant néanmoins fermement.

Tiens, je crois que ça parle de Leto...pardon, de Yongil-san. Ça me rappelle cette histoire qu'il m'a raconté un jour sur son enfance...ça date de cette époque-là en plus...

Un peu lourd comme approche oui, mais il était de notoriété publique que les deux jeunes gens étaient très proches. Il était donc plus que logique que le Roku Ban Tai San Seki lui ait parlé de son enfance et de cet épisode bien particulier. Restait à voir comment le capitaine Kuchiki réagirait.

Un Oscar...sa prestation valait au moins ça, si elle ne faisait pas étriper avant. Dissimulant un sourire victorieux, la demoiselle ne releva pas la question presque désintéressée du capitaine et le suivit jusqu'au bureau où elle avait passé de nombreuses heures pour y déposer une pile de livres. Il fallait qu'elle joue serré, mais c'était totalement faisable. Un bon coup de théâtre, quelques sous-entendus délicatement placés, le tout avec un masque d'innocence et de crédulité totalement feints. C'est donc nonchalamment qu'elle posa le papier en question bien en évidence sur le bureau, avant de prendre un des volumes qu'elle avait parcouru plus tôt et de le feuilleter.

J'ai vu quelque chose qui correspondait à cette date...hum...ah c'est là!

La jeune femme passa de l'autre côté du bureau pour faire face au taisho, et pour mettre au moins un obstacle entre eux, aussi infime était-il. Le bruit du registre qu'elle posait sur la table fit un sacré bruit, mais elle ne réagit même pas, sachant qu'elle devait maîtriser au mieux son langage corporel. Le moindre faux pas et c'était fini. La jeune Yon Seki récupéra la note qui s'était retrouvée en dessous et la plaça à côté de ce qu'elle avait trouvé plus tôt.

Ce jour, un criminel a été tué dans le Rukongai par le Roku Ban Tai Taisho, Kuchiki Byakuya, Chef du Clan Kuchiki. [le passage suivant est effacé]
Le jeune garçon a été remis à sa famille, une enquête est en cours sur les circonstances du kidnapping.

La date correspond non ? Donc je vais émettre une hypothèse, très certainement fausse puisqu'un cerveau de la Onzième Division ne peut égaler ceux de votre noble Division : et si le valeureux guerrier qui a sauvé Yongil-san, l'Ombre qui le poursuit jusque dans ses cauchemars depuis ce jour-là, n'était autre que vous, Kuchiki Taisho....

Ne pas baisser la tête, ne pas fermer les yeux devant la peur de s'en prendre une dans la tronche, surtout il fallait qu'elle reste droite et qu'elle regarde clairement Byakuya dans les yeux, enfin un peu en dessous, au niveau du nez comme un signe de respect. C'était le minimum qu'elle lui devait après tout, il restait son supérieur...même si en cet instant précis elle jubilait intérieurement. Le piège était bien en place, et le noble ne pouvait même pas l'éviter. Les pièces se mettaient tranquillement en marche, restait juste à porter le coup final.

Il réagissait un peu près comme elle l'avait espéré, preuve qu'il restait bien un homme, avec une fierté bien mal placée. Et les mots, toujours les mots...Il venait de se trahir en l’occurrence. La jeune femme croisa les bras devant elle, droite, alors qu'un fin sourire se dessinait sur son visage. Pas moqueur ou ironique, juste un infime sourire amical, et attendit qu'il se soit éloigné de quelques pas pour parler.

Il serait dommage que nous ne puissions pas retrouver Mademoiselle votre sœur, surtout avec les dangers que l'on peut croiser sans peine dans le monde réel...

L'air de rien, elle contourna à nouveau le bureau pour ranger les divers registres qui le couvrait, ouvrant celui contenant le nom de Kaoremas avant de chercher celui de Terumi. Il fut lui aussi relativement facile à trouver : Orochi – Type Poison – Yuuki Terumi – Jû Ni Ban Taï San Seki (traître). Les deux hommes qu'elle avait croisé étaient donc bien déserteurs, mais avaient été shinigamis. Et en voyant le comportement de Byakuya, elle comprenait un peu mieux leur envie de partir loin de cet enfer de lois et de règles. Sans réellement prêter attention au taisho, elle s'assit et ressortit la feuille où elle inscrivait les renseignements sur les deux fous qu'elle avait croisés il y avait peu. En dessous de Kaoremas, elle ajouta Terumi, notant les informations du registre avant de le refermer pour ouvrir les archives des divisions. Au milieu de lignes toutes aussi barbantes les unes que les autres, divers petits détails l'intéressaient et elle les nota à la suite, parlant à voix haute.

Alala...Ce serait dommage qu'elle tombe sur ces deux-là...

Souriant intérieurement, elle faisait mine d'être totalement plongée dans ses recherches quand elle ouvrit le registre de la Douzième Division, et plus particulièrement la page contenant les sujets de recherches de l'homme aux cheveux verts. Expériences sur les âmes, tentative de remplacement de zanpakuto, manipulation des caractéristiques sur les hollows, développement de poisons tous aussi charmants les uns que les autres. Des pages et des pages sur tout ce qu'il avait pu faire durant son séjour à lal Soul Society, avant de prendre sa liberté. Elle referma l'épais volume pour prendre celui de la Dixième Division, notant la date de l'entrée en service du capitaine traître, puis referma le registre et s'étira, un air las sur le visage totalement feint.

Pas étonnant qu'ils veulent s'allier pour renverser la Soul Society...

Sur que ce genre de petits jeux pervers n'étaient pas l'apanage de la Onzième Division, loin de là. Mais la rouquine avait dû apprendre à compenser son manque évidement de force physique par une relative maîtrise des autres moyens martiaux donnés aux soldats, et ni la stratégie ni la manipulation ni la psychologie n'avaient été épargnés. Une fleur sans défense au milieu d'une jungle dangereuse se paraît bien vite d'épines acérées, elle en avait fait de même. Et c'est ainsi qu'elle avait vu l'occasion en or que lui avait offert le taisho en venant à la bibliothèque ce jour là, au lieu de confier la tache à un de ses subordonnés. Doucement, avec une délicatesse qui ne lui ressemblait pas vraiment, la Yon Seki avait mis en place les fils qui bientôt, si elle y mettait assez d'attention, formeraient une toile inextricable où Byakuya serait emprisonné.

Ainsi il croyait qu'elle se trouvait là pour compléter un rapport d'alerte concernant les deux traîtres...Encore un peu et il serait à point, et là elle pourrait s'amuser un petit peu. Mais en attendant, elle savait qu'elle jouait un numéro très dangereux, le moindre pas de travers pouvait lui coûter bien plus qu'un séjour à la Quatrième Division.

Quel rapport ? La seule chose que je savais en venant ici à propos d'eux, c'était leurs noms et leur projet d'alliance, par un informateur. Le reste, vous me l'avez appris Kuchiki Taisho...

La voix innocente et pleine de cette déférence et de ce respect qu'affectionnaient tant les nobles, la demoiselle ne regardait même pas son interlocuteur, trop occupée à ranger certains volumes dans leurs rayons. Elle pouvait voir Byakuya à travers, un peu loin, mais à cette heure les archives étaient presque vides. Sa voix restait la même, posée, sans aucun haussement de ton.

Et pour cette histoire concernant Yongil-san, je n'ai fais qu'émettre une hypothèse, que vous auriez pu mettre au rebut, mais vous avez choisi de vous justifier. Ce qui a donc affirmé ce que je supposais seulement.

Calmement, la jeune femme revint à l'allée et se tint bien au milieu, les bras le long du corps, les paumes ouvertes, la tête droite, dans la parfaite posture passive-défensive utilisée lors des négociations importantes humaines. Elle ne souriait plus, ayant abandonné cette mimique plus qu'inutile face à un homme qui lui ne souriait jamais. La loyauté de la rouquine était peut-être un peu plus bancale qu'avant depuis ce fameux jour dans la ruelle, mais une chose restait à son esprit : la justice.

Et je sais qu'il souffre de ne pas pouvoir remercier son sauveur, tout comme il le méprise de ne pas s'être dévoilé. Ce serait dommage qu'il apprenne que le taisho qu'il admire tant, qu'il a juré de suivre et protéger, se révèle être cet homme honni qui l'a fuit depuis qu'il l'a sauvé....

Échec et mat. Ah ça il avait l'air bien emmerdé ce cher Byakuya en se rendant compte qu'il lui avait donné tous les éléments pour le piéger. Mais bien sur cela ne se voyait pas sur son noble et lisse faciès. Aussi expressif qu'une crevette amorphe, et c'était presque méchant pour les crevettes. La jeune femme fit un pas en direction du taisho, ses bras ne bougeant pas, alors que lui portait la main à la garde de son zanpakuto. Diantre, elle sentait presque le basilic et l'huile d'olive qui accompagneraient le carpaccio qu'elle allait devenir ! Aussi calmement que possible, elle fit un nouveau pas en avant, espérant qu'il ne ferait pas tout de suite preuve de sa grande habileté au kido...Encore un truc de dégénérés ça tiens ! Bref!Un dernier pas la rapprocha du capitaine et elle préféra s'arrêter là, surtout que contrairement à Monsieur le Roku Ban Tai Taisho, elle n'avait pas l'autorisation de porter son arme dans l'enceinte de la bibliothèque.

Oui c'est un peu dangereux de titiller le sens de l'honneur et de la famille chez un noble sans armes, mais une vie sans danger n'avait aucun intérêt, encore moins pour un membre de l'Achillée. C'est donc la tête haute que Tsukane faisait face au terrible Kuchiki Byakuya, petit bout de femme face au grand et ténébreux capitaine. Digne d'un film, quand je disais que l'Oscar était pas loin. Son fin sourire n'avait pas disparu, il était toujours bien présent et elle comptait bien le garder jusqu'au bout.

Je connais ces obligations, comme je connais ce que cela ferait en son cœur. Et je vous propose donc un marché : Yongil Leto quitte la Sixième Division, entre à la Treizième et en devient le fukutaisho, en échange je m'assurerais que jamais il n'apprenne ce petit secret, et je ferais le maximum pour que Mademoiselle votre sœur revienne au Seireitei saine et sauve.

L'émeraude de ses yeux brilla un court instant d'un éclat argenté avant de revenir à la normale, et elle laissa quelques instants au noble pour digérer cette jolie petite demande. Donnant-donnant en somme, même si elle demandait quelque chose qui nécessitait une paperasse assez conséquente. Une chose que Renji se ferait un plaisir d'accomplir, elle serait même d'accord pour lui filer un coup de main.

Dans le cas contraire, non seulement Yongil-san l'apprendra,mais aussi toute la Cour, l'ensemble des armées et une sacrée partie du Rukongai, mais il se pourrait aussi que je laisse malencontreusement échapper dans des oreilles peu discrètes l'endroit où se trouve Mademoiselle votre sœur....ce serait dommage qu'il lui arrive un malheur dans le monde réel...avec les tarés qui y traînent...

Son sourire s’agrandit très légèrement. Oh oui, Kaoremas et Terumi seraient très certainement intéressés par cette information, juste par esprit de vengeance envers ce monde qu'ils haïssaient tant. Et Leto méritait la vérité, même si pour cela elle devait ne plus jamais le voir.

Le capitaine s'emportait très largement, alors qu'elle avait conservé un calme olympien. C'était une base pour avoir un minimum de crédibilité après tout. Son arme à son côté lui manquait bien sur, ne serait-ce que pour se rassurer un peu, mais elle n'en avait pas besoin, elle devait rester sure d'elle, confiante. Et garder à l'esprit ce pourquoi elle faisait cela. Le reiatsu du taisho augmenta d'un coup, faisant peser sur elle le poids de cette puissance, mais elle restait moindre. Après des dizaines d'années à subir celle de Kenpachi-sama, la Yon Seki s'était habituée et résista donc parfaitement à l'envie de fuit en courant. Elle fixa le noble dans les yeux alors que leur couleur se changeait lentement en un mélange d'argent et d'émeraude, pour finir complètement de ce gris lumineux et lunaire.

Elle fit un pas de plus, se rapprochant de Byakuya pour n'être plus qu'à une ou deux dizaines de centimètres de lui. Nul besoin de hausser la voix, ou de faire la démonstration de son propre reiatsu alors qu'elle sentait celui du Roku Ban Tai Taisho couler sur elle.

Il ne le demandera jamais, parce qu'il n'est pas comme ça. Et même s'il en vient à apprendre ce que j'ai fait, je pense qu'il appréciera encore moins ce que je pourrais lui révéler. Vous lui êtes néfaste, vous êtes bassement malsain pour tous ceux qui vous entourent...

La jeune femme termina sa phrase sur un murmure, ses yeux argent se plongeant dans le regard orageux du taisho. Son cœur battait à tout rompre, elle savait pertinemment qu'en agissant et en parlant ainsi elle se mettait en tête pour un assassinat dans une ruelle sombre, ou une bonne petite séance de torture dans les règles de l'art. Elle n'aurait jamais l'occasion de dire ce qu'elle pensait à Madarame-sama, ou à un autre d'ailleurs, mais pour son meilleur ami elle donnerait tout et bien plus. Mais cela, Byakuya ne pouvait très certainement pas le comprendre, et tant mieux. Alors que le reiatsu du capitaine retombait pour revenir à la normale, ce fut au tour de Tsukane de jouer un peu. Lentement, son énergie spirituelle augmenta pour arriver à la moitié de celui qu'il avait manifesté. Guère besoin de faire plus, mais elle le dirigea sur les cheveux de l'homme, créant ainsi un courant d'air sans vent qui souleva quelques mèches avant de disparaître totalement. Pas une démonstration de force non, juste lui montrer que ça ou rien, c'était un peu la même chose quand on a passé autant de temps à la Onzième Division.

Mais tout le monde sait où elle se trouve, à Karakura bien sur. Et je n'ai strictement aucune information sur son emplacement exact, sinon j'en aurais fait part à mon supérieur. Et réfléchissez à une chose : si Yongil-san rejoint la 13ème Division, il sera à même de veiller sur Mademoiselle votre sœur dès son retour.

Sa voix était restée parfaitement calme et basse, et elle fixa une dernière fois le capitaine dans les yeux alors que ses iris redevenaient émeraude, puis recula lentement en lui faisant face.

Rester aussi près du capitaine aurait été juste suicidaire, et c'était pour cela qu'elle s'était reculée. Vu la claque magistrale qu'il venait de se prendre, il valait mieux pour elle de s'éloigner un minimum, histoire de pouvoir réagir, au cas où. Mais il n'était pas fou au point de lui faire du mal au sein de l'édifice, en revanche rien ne l’empêchait de le faire plus tard. Chouette, maintenant elle allait devoir surveiller ses arrières constamment, une lame plantée entre les omoplates était si vite arrivée. Les paroles de Leto lui revinrent à l'esprit, il respectait son taisho plus que n'importe quel homme, et pourtant il méprisait cette ombre, emprisonnant la colère due au silence en son cœur. Ombre qu'elle avait juste en face d'elle et qu'elle maltraitait verbalement avec une froideur feinte.

Savez-vous comment il parle de cette ''ombre'' qui l'a sauvée ce fameux jour ? Lui avez vous déjà tenu la main pendant un des terribles cauchemars qui hantent ses nuits ou séché ses larmes quand il se réveillait en sursaut à cause de ça ? Avez-vous ne serait-ce qu'entre-aperçu la fine cicatrice sur ses reins ? Non, vous êtes trop fier, trop noble pour ce genre de basses choses.

Sa voix s'était fait plus dure, mais la colère ne pointait pas en dessous, pas encore du moins. La demoiselle contint son reiatsu qui ne demandait qu'à sortir pour relâcher la pression, entre la peur de mourir dans les minutes à venir, l'envie de vengeance au nom de son meilleur ami ou juste parce qu'il était un noble et qu'elle les détestait tous autant qu'ils étaient pour leurs fichues règles et codes que leurs membres devaient suivre à la lettre. Une simple roturière, une née au Rukongai ne pouvait pas s'opposer à cela, pas seule en tout cas. Quant à déclencher une guerre nobles/roturiers, c'était juste n'importe quoi. S'ils aimaient tous marcher ainsi au pas, libre à eux.

Si je le perds, soit, mais j'aurais fait de mon mieux pour qu'il puisse vivre au lieu d'attendre que son sauveur affronte son regard. Si vous avez choisi de fuir, c'est votre problème. Mais n'empêchez personne de vivre sa propre vie pour évoluer sainement ! Tsukuyomi m'en soit témoin, il n'y a rien de plus cher à mon cœur que l'amitié de Leto, mais j'accepte amplement de le perdre pour qu'il puisse avoir ne serait-ce qu'un peu de bonheur et de paix.

Comme par habitude, elle avait utilisé le prénom du jeune homme, mais ne s'était absolument pas corrigé. Ce n'était pas une faute grave en soi, juste qu'elle faisait face au supérieur de son ami. Mais les convenances étaient dépassées, aucun retour en arrière n'était possible et Tsukane ne le souhaitait pas de toute façon.

Ainsi elle avait gagné cet ''affrontement'' et Leto pouvait enfin quitter la Sixième Division et s'éloigner de son taisho. La pression qui pesait sur son cœur depuis un bon bout de temps se relâcha presque instantanément, elle pouvait presque respirer plus librement. Mais elle n'en montra rien à son interlocuteur, ce n'était pas de la reconnaissance envers lui. Elle le salua néanmoins en guise de remerciement, et le regarda s'éloigner. La jeune femme ne répondit que par un hochement de tête, sachant qu'il n'y avait strictement rien à ajouter. Tsukane attendit qu'il disparaisse pour retourner à son bureau, un franc sourire s'affichant désormais sur ses lèvres.

Elle resta encore deux heures au sein de la bibliothèque, notant tout ce qu'elle trouvait sur les deux traîtres qu'elle avait croisés. Autant dire que de nombreuses pages furent utilisées, aussi bien en schémas qu'en écriture fine, tant les deux hommes avaient chacun leurs particularités. Rien ne lui échappait, les dates, les décisions prises, les batailles auxquelles ils avaient participé, les compte-rendus. Une fois son travail achevé, elle rangea scrupuleusement chaque volume à son emplacement. Il ne devait y avoir aucune trace de son passage autre que le « contrôle des zanpakutos de la Onzième Division », la raison de sa présence aux Archives. Une fois cela fait, la Yon Seki récupéra la liasse de feuilles et sortit, savourant la caresse du soleil sur sa peau. Il y avait moins de deux heures, elle n'aurait pas cru pouvoir le revoir un jour, mais son entêtement et son comportement entier avait fait le reste.

Bientôt Leto serait fukutaisho, bientôt il ferait honneur à ce poste qui lui irait parfaitement. Et bientôt ils seraient séparés parce ce que la vie faisait d'eux. Mais elle n'avait aucun regrets là dessus, aucun remords, elle avait fait ce que son cœur lui avait dicté, pour le bonheur de son ami.